C’est exactement l’équivalent d’avoir peur d’aimer.
C’est ça la peur de l’eau, c’est d’avoir peur de quelque chose d’essentiel, d’inévitable.
Cette eau m’a terrifiée si longtemps. Elle me dégoûtait, mais aujourd’hui je me rends compte que j’avais peur d’y prendre goût et de finir par m’y noyer. Que si, du jour au lendemain, on m’enlevait ce privilège de la vie, je mourrais ensuite de soif, car j’en aurais perdu l’habitude. Qu’on me déshydraterait. Donc, je préférais rester une plante dépourvue de vie au lieu de me laisser aller sous la pluie.
Je me suis enfin laissée amadouer sous ces étranges gouttelettes translucides et j’avoue, j’ai toujours peur de me faire dessécher, mais enfin, mes racines absorbent ce liquide d’origine inconnu. Mes branches me paraissent plus fortes, mais pour encore combien de temps? La désaltération est-elle éphémère? Je me souviens de la sécheresse, comment on se sent quand chaque particule d’eau de ton corps s’évapore de ton être.
Je n’ai pas hâte de voir l’eau déserter mes extrémités et par la suite, jaunir à petit feu.
L’amour peut faire mourir. Quand on y goûte une fois, nos lèvres en sont toujours en demande par la suite. Un désir, mais pas toujours un besoin, jusqu’à ce que ça en devienne une drogue frénétique. Sans elle, tu en sèches, tu en meurs.
L’amour est exactement comme l’eau : en mauvaise quantité, au mauvais moment, il peut être fatal.
Même si la soif a un goût amer, jamais je ne m’empêcherai de réessayer encore et encore parce que, de l’expérience que j’en ai, ça en vaut la peine.
Danyka Fortin