J'ai 11 ans.
Pourquoi ai-je ces pensées?
Je n'en ai aucune idée.
Sont-elles importantes?
Peut-être.
Je sors de cette place, la vue brouillée de larmes.
"Nous ne voulons pas qu'elle contamine les autres, elle doit retourner chez elle", ont-ils dit à mes parents.
"Elle pourra revenir quand elle sera guérie."
Guérie... je ne le suis toujours pas.
...
"Pourquoi ne m'aidez-vous pas?"
Cette question est implantée dans mon cerveau.
Mon cerveau me dit de crier d'aide.
Je ressens un sentiment, mais je n'arrive pas à le décrire.
La peur?
La tristesse?
La honte?
Peut-être un mélange de tout cela.
Oui.
Peur de disparaître, triste d'oublier, honte d'être.
Est-ce normal de ressentir tout cela?
Oui.
Vais-je bien?
Non.
Je demande de l'aide, personne ne m'en donne.
"Aidez-moi!", ai-je dit.
"Ton cas n'est pas important", m'a-t-il dit.
...
Aujourd'hui, j'ai 13 ans, avec beaucoup de recul, je vous demande ce qui fait qu'un cas est important.
Sur quoi vous basez-vous pour classer le mal de vivre de quelqu'un?
Sur son nombre de tentatives de suicide?
Sur le nombre de fois qu'il s'est rendu à l'hôpital en demandant de l'aide?
J'aimerais comprendre pourquoi.
Pourquoi ne m'avez-vous pas aidée?
Pourquoi m'avoir renvoyée chez moi?
Plein de questions restées sans réponse.
Je me suis sortie de ce mal par moi-même. J'étais au pire moment de ma vie.
Maintenant, je vais bien. Je suis sortie de cet état d'âme si malheureux.
Je suis forte.
J'apprends à savourer les beaux moments.
Merci à moi-même.
Maïté Pagé
Ressources disponibles: Prévention du suicide