Je n’ai pas de père.
Je dis souvent que je n’en ai pas à cause de son absence constante. La petite fille en moi essaye de me prouver le contraire en me rappelant les moments où j’en avais un qui était là tous les soirs à la maison, avec qui je partageais une pile de biscuits.
Le temps a avancé et puis le héros qu’il était ne l’a jamais été.
Plus tard un peu, après deux ans d’absence masculine dans ma vie, un homme a pris place dans la vie de ma mère et sans choix, dans la mienne aussi. Je ne pourrais pas dire que ça a été l’amour aux premiers moments, ni naturel ni facile. Il était dur avec moi, mais malgré mes méchancetés et ma langue de vipère, il était là. Je le détestais parce qu’il m’infligeait une discipline qui m’était autrefois inconnue. J’avais l’impression que toutes les injustices du monde étaient dirigées vers moi. Pourtant, aujourd’hui, je vois juste quelqu’un qui s’acharnait sur une enfant ingrate et un peu déconnectée de la réalité. Il a passé plus de temps que ma patience ne saurait le faire à étudier avec moi, à la table de la cuisine. Il a dépensé pour moi plus que quiconque ne le ferait pour l’enfant d’un autre. Il a pris soin de moi comme de sa propre fille. Cet homme m’a fait goûter à une sorte d’amour étranger, celui inconditionnel d’un père.
Peut-être qu’il ne l’est pas biologiquement ou bien sur papier, mais pour moi, il correspond à tout ce qu’un papa représente.
Alors après tout, j’ai un père, j’ai un père qui a décidé d’être là alors que d'autres ne le seront jamais, un qui ne m’a jamais laissé tomber.
Danyka Fortin
