Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours jugée. Jugé sur mon poids, ma voix, mon style, mes capacités, etc. Je voulais être similaire aux autres, j'ai eu longtemps l'impression qu'être différente était une faute, qu'il fallait y renoncer, que montrer qui on était vraiment allait finir par nous nuire. Que finalement être comme les autres était beaucoup plus simple. Le nombre de fois où je me suis regardée dans ce grand miroir au travers 30 élèves et à me dire tout bas que je n'étais pas assez mince, que j'avais trop des grandes hanches, que je n'étais pas assez musclée, trop grande, que si je n'arrivais pas à toucher mes pieds, c'est parce que mon ventre me l'empêchait, etc. Le soir, après l'école, j'arrivais chez moi et je recommençais à me regarder dans cette platonique couche de verre. J'observais ces dessins sur mes hanches et mes cuisses et je me demandais si un jour, je pourrais m'en débarrasser, les effacer sans qu'il reste de traces. Très vite, je me suis rendu compte qu'elles allaient m'accompagner et que je devais apprendre à les aimer plutôt qu'à les détester.
Ces vergetures sont des preuves que l'on grandit, que notre corps vit et ne représente en aucun cas qui nous sommes présentement. Un corps exprime une beauté et une différence, mais aussi un chemin, car la confiance en soi est un long processus, mieux vaut le commencer en se regardant droit dans les yeux, dans cette vitre qui nous ronge de l'intérieur et le dire: 《Je suis magnifique!》
Le mot magnifique, voilà un mot que j'aime. Être magnifique selon le dictionnaire, c'est avoir une beauté grandiose, être extrêmement bien, éprouver de la joie, etc. Vous la ressentez aussi cette joie et ce bonheur, donc vous êtes des êtres magnifiques à votre tour.
J'ai décidé d'être là plus belle version de moi-même, de me rappeler que ce sont les petites imperfections qui font de moi une personne unique. Puis finalement, d'accepter ce qui est, de laisser aller ce que je ne voulais plus être et d'avoir confiance en qui je suis.
Florence Proulx