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École secondaire Augustin-Norbert-Morin

Projet de mémoire d’une étudiante de maîtrise en psychoéducation de l’UQO
Art-venir
Passions

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J’ai 2 ans, je suis aux funérailles d’une personne que je ne connais pas et je veux danser. Nous sommes à la réception après la cérémonie et une chanson quelconque joue à travers le système de son (papa me précise que c’est de la musique classique). C’est comme s’il y avait une corde qui me tirait vers le milieu de la pièce, qui me demandait de me laisser aller. Alors, j’y vais.

 

Je danse. Et je ne pense pas m’être arrêtée depuis.

 

Maman aime bien ajouter que je dansais seulement parce que je reconnaissais la chanson après l’avoir entendue dans Les petits Einstein, mais bon, c’est juste un détail.

 

Je danse quand il y a de la musique ou non, je danse que je sois éveillée ou non, je danse que le moment soit approprié ou non, je danse tout le temps. Ma mère décide de m’inscrire à des cours de danse et ça ne me prend que le premier pour être accrochée. La musique m’amène d’un compte de huit à l’autre, d’une chorégraphie à l’autre, d’une année à l’autre. Je grandis en dansant et j’arrive à un âge où on me dit qu’il faudrait peut-être que j’arrête bientôt, qu’il faut séparer les loisirs et les choses sérieuses.

 

Le seul problème est que je crois que si j’arrêtais de danser, je mourrais sur le coup. Danser est devenu mon mode de vie, les grooves sont l’air que je respire et la musique est l’eau que je bois.

 

Je ne suis pas idiote, je comprends bien ce qu’ils veulent dire; danser n’offre pas un revenu stable et que pour m’assurer un futur sécuritaire, je devrais me pencher vers un métier plus conventionnel. Je comprends que le milieu des arts n’offre pas un avenir certain, mais je n’ai jamais voulu de certitude : je veux des défis, de l’innovation, de la passion, de la beauté. Je veux être heureuse.

 

Je ne sais pas où je serai dans 10 ans. Tout comme je ne sais pas où je serai dans 5 ans ni même dans 5 mois. Peut-être que je deviendrai médecin ou avocate ou écrivaine ou éboueuse. Qui sait! Nos vies sont parsemées d’incertitudes, de surprises et de doutes et quand on y pense réellement, on ne peut même pas dire ce qu’on va faire ce soir.

 

Souvent, j’ai l’impression de me perdre à travers ce brouillard de possibilités, mais je réussis toujours à retrouver mon chemin. J’ai encore cette même corde qui me tire vers ce qui fait mon corps vibrer. Je sais que je ne me perdrai jamais.

 

Juliette