Au fil des années, ma perception de la vie a radicalement changé. Jadis, rempli de couleurs vives et de promesses flamboyantes, mon monde s’est peu à peu terni. Aujourd’hui, tout me semble fade. Un univers sans bonheur, sans fascination. Comme si les bonnes nouvelles avaient disparu, comme si la méchante sorcière des contes de mon enfance avait gagné le combat. Dans ma tête, elle a incendié chaque brin d'herbe, réduisant en cendres les forêts verdoyantes où mon imagination aimait si promener autrefois. Derrière elle, il ne reste que tristesse, vide et dépression. Les nuages noirs ont recouvert la lumière chaude et apaisante du soleil laissant une pluie froide et dévastatrice noyée les rires des enfants qui apportait une douce mélodie à mes oreilles. Ces exclamations de joie se sont éteintes, emportant avec elles une partie de mon âme.
Mon sourire aussi est parti. Tranquillement, jusqu'à disparaître à tout jamais. Chaque matin, je me force à en dessiner un, un masque fragile que je porte pour tromper le monde, pour ne pas éveiller les soupçons. un sourire artificiel, une illusion bien camouflée. Pourtant, autrefois, il était véritable, éclatant de vie. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un fantôme du passé, une lueur éteinte qui me rappelle que j’ai perdu ma lumière. Je la cherche. Je l’espère. Cette étincelle qui pourra ranimer en moi cette flamme vacillante. Celle qui saura me guider à travers les ténèbres de mes pensées, ce labyrinthe sans issue ou je perds jour après jour.
J’ai l'impression d'être une toile blanche oubliée sur un chevalet poussiéreux. Une toile vide, sans importance, sans personne pour la peindre, pour y ajouté la moindre trace de couleur. J’attends l’artiste. Je l’espère. Mais viendra-t-il seulement un jour ? Pourtant, je ne suis qu’une adolescente. C’est ce que l’on me répète sans cesse. Comme si cela suffisait à expliquer ce que je ressens, comme si mon âge invalidait la profondeur de mon mal-être. On pense que j'exagère, que je m’invente des souffrances pour attirer l’attention. Que ce ne sait qu’une phase, un simple tourbillon d’émotions qui finira par passer. On me regarde avec cet air condescendant, ce regard qui semble dire : « Tu es jeune, tu n’as pas encore connu la vraie douleur. » Mais au fond de moi, je le sais. Ce n’est pas une illusion. Ce n’est pas un caprice. C’est une tempête qui gronde en moi, une mer déchaînée où je me débats, seule, contre des vagues prêtes à m’engloutir. Mais je refuse de me laisser submerger par l’eau glaciale. Mon navire tangue, il menace de chavirer, mais je tiens bon. Parce qu’ils sont là. Ceux qui, dans l’ombre, ont tendu une main stable. Ceux qui ont su voir au-delà du masque. Pas ma famille de sang, mais ma famille de cœur. Ces âmes précieuses qui m’ont écoutée sans juger, qui ont marché à mes côtés quand mes propres jambes ne me portaient plus. Ceux qui m’ont soutenue, relevée, encouragée… et surtout, sauvée du naufrage. Ils m’ont protégée de l’orage qui menaçait de m’emporter. À eux, je dois tant. Et pourtant, un simple « merci » semble minime face à ce qu’ils ont fait pour moi. Mais c’est tout ce que j’ai. Alors, du plus profond de mon être, je leur dis…Merci
Océane Desbiens