L'an dernier, j’ai vécu une grande chicane avec mon père. C'était sur un sujet ridicule. Quand je vais chez lui, je partage ma chambre avec mon petit frère de 6 ans et il me vole constamment mes affaires. Les grandes sœurs se reconnaissent. Bref, il m'avait volé un vieux jouet dont je ne me servais plus, mais il reste que c’est à moi. Ma belle-mère est arrivée et elle a dit (en résumé) « De toute façon, c’est moi qui te l’ai acheté, donc on s’en fout, c’est rendu à lui. »
J’étais fâchée qu’il soit toujours le roi, mais, malgré tout, je n’étais pas si en colère. Je me souviens. Mon père entre dans la chambre et il se met à me parler fort… c’est assez vague, j’ai essayé d’oublier avec le temps… Mais je me rappelle très bien qu'il a dit qu’il ne voulait plus me voir et que je ferais mieux d’aller vivre chez ma mère (il vivait beaucoup de stress et d’anxiété à ce moment-là). Je pense que c’est le moment où je me suis sentie la plus triste, confuse et étonnée de ma vie. C'était tellement intense, je ne pensais même pas que ces mots-là pouvaient sortir de sa bouche. Je ne sais comment le décrire, c'est comme une grande bombe qui est arrivée par surprise dans mon cœur et qui a fait un grand, énorme, gigantesque vide en moi. Il est allé me porter chez ma mère et on ne s’est pas reparlé pendant environ un mois. Ce n’est pas si long, mais ça m’a semblé être une éternité. Après de longues et pénibles semaines, on s’est reparlé et revu. Maintenant, ça va bien mais ça reste difficile à assimiler.
Quand je parle de ça, je donne souvent l’exemple de la feuille de papier. Je dis que la feuille représente ma relation avec mon père. Elle était déjà un peu froissée, mais là, avec notre chicane, c’est comme si on l'avait mise en boule, qu’on l’avait jetée aux poubelles et qu’on était allé la chercher pour essayer de la défroisser. Hélas, les plis sont toujours là, mais on essaye de les ignorer.
Julia