Pourquoi n’était-ce qu’un rêve? N’ai-je pas droit au privilège de la tranquillité? Au sommeil quitté, ma réalité me rattrapa à grands pas. Je veux me souvenir éternellement de ce moment, dans l'espoir de le vivre ailleurs qu’en dessous de ma couverture, le vivre pour de vrai.
Ce n’était que moi. Pardon, c’est faux. C’était moi et le son des douces vagues qui s’affaissaient sur les rochers. L’air le plus pur que j’ai humé de ma vie, aromatisé par la fraîcheur saline de la baie et la chaleur ambiante. Un combo qui paraît impossible. Peut-être l’est-ce?
À l’horizon, on y voit l’autre berge, pas si lointaine. Les montagnes rocailleuses sont basses comme le dessin permanent des vagues les plus élevées de cette mer calme. Le ciel est gris, assez pour faire douter certains du temps avant la pluie. Mais pas toi, tu sais quand elle va arriver. Comme s’il y avait une entente entre toi et les nuages grincheux, la nappe grise du ciel s'abstiendra jusqu’à ce que tu sois chez toi. Ils te l’ont promis.
Tu t’es installée au pied du premier pilier qui maintient un vieux quai, couvert d’une peinture rouge défraîchie et abîmée par le temps. Malgré le ciel taché de cendres, l’eau est d’une beauté cristalline. Le sable était chaud, ses grains étaient presque blancs. Tu es calme, le vent et les vagues discutent et tu écoutes leur conversation. Pour une fois, tu ne te sens pas pressée, rien n’est prévu aujourd’hui, ni demain. Et les jours qui suivent n’existent même pas. Aucune responsabilité ne t’attend, pas de couvre-feu ni de regards réprobateurs. Rien. Juste toi et ce moment.
C’est une chance d’avoir vécu cet instant, même si ce n’était qu’un rêve, même si je ne le vivrai sûrement jamais. J’ai rêvé d’un après-midi impossible dans lequel je vivais pour la première fois.
Danyka
