Si juste un jour de plus, vous étiez restés, est-ce que ça aurait été différent?
Ça m’aurait laissé la chance de réaliser que vous vous apprêtiez à partir?
Ça aurait été plus facile de faire mon deuil si j’avais été capable de vous dire « adieu »?
Ça aurait changé quelque chose?
Jusqu’à ce jour, je regrette encore de ne pas avoir eu le courage de venir vous voir à l’hôpital aussi souvent que je ne l’aurais souhaité.
« Grand-papa est en train de partir. »
C’est ce que m’avait dit papa en entrant au Brunet alors que mon shift venait à peine de commencer.
C’était la première fois que je te voyais depuis ton entrée à l’hôpital quatre jours plus tôt, mais les visions d’horreur d’un vieil homme combattant la mort m’ont effrayée et je n’ai pas su te dire au revoir. La vie m’a offert quatre jours supplémentaires pour me reprendre. Quatre jours de combats acharnés contre tes maladies. Quatre jours où je n’ai pas saisi ma chance.
En apprenant ton décès, j’ai immédiatement regretté de ne pas t’avoir dit « adieu ».
La même scène s’est rejouée pour toi, grand-maman.
Après ma pratique de volley-ball, le jeudi soir, papa m'a amenée à l’hôpital pour une dernière visite, car ton processus d’aide à mourir avait commencé. Tu sombrais dans un coma duquel tu n’es jamais sortie. Un flot de larmes, voilà la dernière chose que tu as entendue de moi, car l’ouïe est ce que l’on perd en dernier en mourant. 48 heures plus tard, tu partais à la conquête d’un monde inaccessible à nos yeux.
Est-ce qu’un jour de plus aurait été suffisant pour vous dire « je t’aime » au moins une dernière fois?
Je ne le saurai jamais.
Mais ce que je sais, c’est que malgré vos derniers jours de souffrance, vous veillez paisiblement sur nous de là où vous êtes.
Votre petite fille qui pense souvent à vous,
Clémence