Respire, expire. Ne pas y penser.
Merde. Il est là. Je le sens prendre le contrôle, lui qui se glisse dans chaque neurone de mon cerveau. Le chaos. Ce chaos immersif qui prend le plus grand des plaisirs à me faire douter, échouer, tout remettre en question. Dès qu’une opportunité se présente, il saute dessus, prêt à me faire hyperventiler.
Exemple. Première fois. Moi, habituée à exceller dans ce domaine, me retrouve confrontée à ce mélange de pensées dérisoires qui me font overthinker. 16 en 10. Pas la peine que vous compreniez. Go! C’est le départ. Les autres filent en avance. Il se pointe. Le chaos. Je perds mon souffle et essaye de ne pas y succomber. Mais j'ai échoué. 12 en 10.45 . Merde.
Dans mon lit le soir, j’y repense, le chaos est toujours là. Il profite de ce moment pour me faire douter. Douter de moi, du regard des autres. Un cri, étouffé par mon oreiller, s’échappe de ma gorge. J’ai honte. Je ne veux plus y retourner. Ai-je le choix? Non. On me pousse à y aller. À tenter de le battre. J'angoisse. Le chaos est bien installé et prend plaisir à explorer mes peurs. Mais je dois le déloger.
J'ai peur du regard des autres, de la pression qu’on nous pose sur les épaules, à nous, les ados. Pression d'être toujours exemplaires et d'exceller. J’ai peur de me faire aborder par un homme incontrôlé. Je rage. Les filles, toujours ici à être sexualisées. Pourquoi nous empêcher de nous habiller comme nous le souhaitons, par excuse que les gars sont dérangés? Contrôlez-vous, c’est tout. On nous apprend que c'est à nous de changer, alors que le problème, c’est eux. Anyway.
Il est rassasié. Prend plaisir à faire resurgir des histoires du passé, pour tenter de me faire douter, angoisser. Il est fort probable que personne ne se rappelle de ces événements oubliés, mais pour moi, ils continuent d’exister. À cause de lui. Le chaos. Mon chaos. Car chacun en a un. Chaos de pensées qui vous fournit des fantômes de sensations grises qui viennent vous chatouiller les entrailles et vous bloquer la gorge.
Que faire pour l'atténuer, lui qui continuera sans cesse d’exister, sous d’autres noms et d'autres formes? Lui qui me rend chaotique, autant que ce texte? Aucune idée. Pour l’instant, je dois seulement l'endurer, l'écraser, l'empêcher de tout diriger. Mais c’est compliqué et, la bonne manière, je ne l'ai pas encore trouvée.
Chaos.
Rafaëlle