À un certain moment, j'ai voulu disparaître. Disparaître pour oublier. M'enfuir de cette mauvaise histoire, pénible pour le cœur. Cette histoire qu'on appelle exister. Pessimiste? Sans doute. Se lever chaque jour alors qu'on s'est couché trop tard la nuit d'avant, se rendre à l'école pendant au moins deux décennies de notre vie pour moisir dans une carrière jusqu'à la retraite pour ensuite être oublié.
J'ai voulu courir, loin de ce que j'appelle ma maison, celle qui était devenue étouffante. Ma douleur et ma tristesse nouées dans ma gorge comme des ronces qui me transperçaient alors je m'efforcais de rester dans le silence. Je voulais sortir d'ici, courir loin du monde, sinon j'allais suffoquer, me noyer, tomber dans un gouffre profond dénué de sens. Je voulais m'évader dans une plaine couverte de magnifiques fleurs à perte de vue, sous un ciel étoilé, pour m'y étendre et ne jamais me réveiller. Des fleurs et des étoiles, il n'y a rien de plus beau. Les seules choses qui m'enracinent vraiment face à ce carnage.
Peut-être que c’est lâche de vouloir s'enfuir, d'éviter de faire face à la réalité, au problème, à la tristesse en moi, aux cruautés de l'autre monde que je ne peux que regarder s'abattre sur nous avec impuissance.
À quoi bon s'acharner à résister? Pourquoi je ne voyais pas la lumière au fond du tunnel, l'échelle pour sortir du trou comme les autres avaient vu ? Je fermais les yeux, voilà tout. On dit bien que la vie est courte et douloureuse. Pourtant, il faut bien ajouter les gens fous qui nous entourent. Nous sommes immondes et fervents. On s'aime, on se massacre. Nous sommes sales. Et comme beaucoup d'entre nous, je voulais m'échapper d'une douleur incontrôlable, inconnue et puissante. J'ai voulu disparaître.
Maël