Hey,
Me revoilà!
Tu te rappelles de ce dont je te parlais hier? Eh bien, bonne nouvelle, je n'ai pas de nouvelles blessures!
Mauvaise nouvelle, j'ai choké.
J'ai annulé mon cours de patin.
Je peux me sortir 36 excuses, mais au fond, je sais que c'est parce que je ne voulais pas tomber encore.
Quand je te parlais de mon corps meurtri, ça vient de ça : des chutes.
Tu sais, cette douleur habituelle après l'impact contre la glace, elle me fait peur.
C'est comme si mon poignet disait : j'en ai assez ! Je te laisse te débrouiller seule ma grande!
Et il semble vraiment au bout du rouleau.
Il y a des moments où je suis incapable de mettre mon poids dessus.
Avant, je transportais des charges comme une superwoman et maintenant, me supporter est difficile.
J'ai peur de me casser le poignet pour vrai un jour.
On m'a annoncé, il y a un moment, qu'en continuant comme ça, c'est ce qui allait arriver.
J'ai mis quelques protections et depuis, j'attends.
Dans un sens, je suis jalouse de ceux qui, d’un jour à l'autre, se casseront quelque chose.
Pas jalouse de la blessure, mais plutôt de la spontanéité.
Eux, ils ne le savaient pas d'avance.
Moi, j'attends la cassure.
Je pense que c'est pour ça que j'ai choké. J'ai eu peur que cette pratique soit celle qui achève mon poignet épuisé.
Je n'ai tellement pas envie que ça arrive.
J'ai si peur de la douleur.
J'ai peur des séquelles à long terme.
Et j'ai surtout peur de ne plus pouvoir patiner.
Le pire, c'est qu'on dirait que personne ne comprend ma situation, pas même mes parents et le docteur.
Ils me disent que le seul moyen d'aller mieux est tout simplement d'arrêter.
Les dommages sont déjà là. Arrêter ne veut pas dire que tout sera comme neuf.
Aussi, ils ne comprennent pas que c'est comme une drogue!
J'ai skippé une pratique et je le regrette tellement!
J'adore mon sport. Sauter dans tous les sens, montrer ma flexibilité. J'aime même les pirouettes!
Et cette sensation de glisser sur la glace, de sentir l'air froid contre sa peau…Quand je patine, je ne peux penser à rien d'autre et c'est ce qui me plaît.
Aussi, ce feeling lors d'un saut réussi est fantastique!
C'est d'ailleurs merveilleux de pouvoir se dire ensuite : j'ai réussi ça toute seule.
Je me sens si forte sur la glace.
On doit me prendre pour une folle ou une masochiste, mais je ne pense pas arrêter. Ce sport, c'est comme une thérapie pour moi, une partie intégrante de qui je suis. Je n'imagine pas ma vie sans le patinage artistique même si je dois sacrifier un poignet.
Marilou