Un pied à la fois, dans le vide, comme un funambule sur son fil, je marche droit devant sans jamais regarder en bas parce que, sinon, c’est sûr que je rebrousserais chemin et que je rentrerais chez moi me rouler en boule dans mon lit. Cependant, même là, je ne serais pas totalement hors de danger.
Il y a toujours un risque à prendre, peu importe ce qu’on fait. Et si on s’y attarde, on risque de perdre la tête. Il y en a un peu partout. Je pourrais me fouler la cheville en marchant sur le trottoir, me faire frapper en traversant la rue ou encore attraper une maladie mortelle. Il y a aussi une autre sorte de risques. Par exemple, celui de se faire rejeter, de perdre quelqu’un qu’on aime ou de se faire insulter.
Il n’y a rien qui soit sans risque. En tous cas, pas à ma connaissance. Si j’y pense trop, je me sens vraiment tomber de mon fil. Un énorme poids m’écrase. Alors, dans ce cas, le mieux est d’oublier, de repousser le plus loin possible dans le fin fond de ma tête les risques qui m’entourent et continuer d’avancer. C’est dans ce contexte que je prends une grande respiration, et plus rien ne peut m’atteindre. Je continue d’avancer sans regarder en bas, mon regard reste accroché au loin.
Pourtant, parfois, je m’empêche d’être qui je suis, par peur de ce que les autres pourraient penser de moi. Et ça aussi, c’est un risque à prendre.
Il fait partie de nos vies et rien ne pourrait le faire disparaître. On peut seulement l’atténuer. Le pire, c’est l’appréhension. Donc, comme pour le funambule, la peur naît bien avant d’être au-dessus du vide, car les risques ne valent plus la peine d’être calculés après que l’on se soit lancé sur le câble. C’est pourquoi, ils font leurs effets bien avant et qu’ils paralysent. Le plus simple, c’est de prendre son temps. Aller à son rythme et être certain d’avoir la capacité de traverser en entier le fil avant d’y mettre un pied.
Comment pourrais-je être prête pour affronter l’opinion des autres? Il n’y a pas de cours 101 pour affronter ça! En tous cas, si ça existe, faites-le moi savoir! Alors, j’essaie d’oublier et d’apprivoiser. Un pas à la fois, je devrais y arriver.
Rosalie