Tu vois ce que j’ai dans le dos? Non, bien sûr, que non. Elles ont disparu il y a quelques années. Je les ai coupées. Mes ailes, j’ai coupé mes ailes. Oh oui, un mal de chien! Pourquoi j’ai fait ça? Parce que la douleur était encore plus intense à l’intérieur. En m’empêchant de voler, je ne souffrais plus. Oui, c’est vrai. Je ne peux plus aller voir le Soleil quand les nuages envahissent le firmament, je ne peux plus voir le sommet des montagnes quand la brume reprend sa place, mais je ne risque plus de m’éprendre de paysages trop beaux et de me casser la figure en redescendant sur terre. J’étais fatiguée, alors je me suis barricadée chez moi. J’avais les ailes qui me démangeaient, alors je les ai coupées d’un coup de couteau. Simple, rapide, efficace. Mes trois nouveaux mots d’ordre. Plus d’épanchements, de sentiments inutiles ou d’amitiés futiles. En tranchant mes ailes, je me suis attachée un boulet aux pieds. Je te l’ai déjà dit. Ça faisait mal! Tu ne peux pas comprendre… Oui, j’y ai déjà pensé, et j’y pense toujours. Les réparer, me remettre à voler, revoir le Soleil quand les nuages envahissent le firmament, voir le sommet des montagnes quand la brume reprend sa place… Oui, j’y rêve tous les soirs quand je regarde par la fenêtre et que la lune se penche à mon oreille pour me chuchoter les merveilles des cieux. Oui, un jour, je réparerai mes ailes brisées et je volerai! Rosalie