J'ai toujours aimé l'expression <Tu me manques>. Comment l'autre pourrait-il nous manquer comme ça, du jour au lendemain, alors qu'avant sa rencontre, tout allait bien. Pour moi, <Tu me manques>, ça revient à dire: tu m'as toujours manqué. Ce que je croyais être ma vie n'était en fait que l'attente de ton arrivée et ce que je nommais <solitude> portait en réalité le nom de ton absence.
À l'inverse, je déteste le mot <adieu>. Moi, je l'entends en deux mots: <à dieu>. Comme si on remettait au ciel la chance de se revoir. Je préfère dire <à nous>. Si un jour nos routes se recroisent, c'est que l'un de nous l'aura décidé. <À nous>, c'est l'adieu des amoureux qui espèrent secrètement se retrouver et aucun dieu ne pourra y changer quoi que ce soit.
J'aime aussi le mot <abîmer>. La plupart des gens l'utilisent comme <blesser> alors que pour moi, <tu m'abîmes>, c'est: Regarde le vertige dans lequel tes yeux m'ont laissée, ton sourire m'a fait tomber. Plus encore que de me blesser, tu m'effondres sans me cogner. Tu m'abîmes.
Je n'aime pas le mot <vérité>. Pour moi, il est mal orthographié. On devrait l'écrire avec un <s> même au singulier, car même lorsqu'il n'y en a qu'une, il suffit de se déplacer pour qu'elle change d'aspect. Comme un prisme qui fait danser les rayons au rythme de la marche. Celui qui écrit vérité sans s n'a jamais promené son avis vers d'autres pensées.
D'ailleurs, j'adore le mot <penser>, car si l'on panse ses blessures, on se remplit aussi la panse dans les dîners et tout comme l'estomac, l'esprit doit se nourrir. J'aime les gens qui, à trop vouloir penser, dévorent trop de livres, trop de films ou de musique. Ils ont l'âme qui déborde des yeux. On dirait que leur coeur cherche encore à grignoter. C'est ce que j'appelle, moi, la curiosité.
<Passion> aussi est un de mes mots préférés. Beaucoup le confondent avec <passe-temps>, mais en réalité, ce mot vient du latin et signifie <douleur>. Quand je dis: c'est ma passion, je dis: c'est ce qui me brûle, c'est cela qui me tue. Ça m'habite. En fait, ça m'obsède. Je meurs sur le champ si je refuse de m'y résoudre. La passion, je l'abandonne et elle me retrouve sur le palier. Ce n'est pas un plaisir, c'est un besoin, comme de manger. La passion, c'est l'art d'exister.
J'aime aussi le verbe <contempler>. Contempler, ça signifie être avec une portion du ciel. Je le contemple. Je le contemple, ça revient à dire: j'ai en face de moi un bout d'horizon qui rit. Je trouve ça assez sublime. Au début, je ne comprenais pas la différence entre la douceur et la tendresse. Aujourd'hui, je l'ai comprise. La tendresse, c'est la douceur qui s'engage et qui veut éprouver. La tendresse, c'est la douceur qui a grandi.
-Léa