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École secondaire de Mirabel

CJE Mirabel
BAM!
Pression sociale , Estime de soi

BAM!

Tout ça, encore plus fort: BAM! 

- Sois une bonne sœur
Ça me crève le coeur  

-C’est pas assez bon
Ma tête est un tourbillon 

-Arrête de pleurer, t’es trop sensible
C’est impossible.

- Mets un peu de maquillage
Je veux retourner à cet âge... 


BAM! Dis-le encore plus fort, répète ce que je fais d’imparfait! 
Rentre ce couteau encore plus loin. 

BAM! Une autre remarque, une pression de plus. 
 

-Lâche ton téléphone un peu! 
Il m’amène dans un monde merveilleux... 

-Souris! 
Je suis abasourdi... 
 

BAM! Ça continue dans ma tête, ça joue en boucle. Une pression de plus, un stress de plus, un mal à supporter en plus. Comme si on ne le savait pas déjà. Nous, adolescentes, jeunes femmes en devenir, demandons sans pression. 
 

-Tu es énervée 
- tu as tes règles? 
-Tais-toi et enlève-moi tes règles. 
- Oh, mais tu sais que je ne te veux pas de mal.
Sauf que moi, j’ai mal.. 

BAM! Allez! Continue! Mets-moi encore plus de pression. 

Être une femme, ce n’est pas facile tous les jours. Essayer de se fondre dans un moule de la personne parfaite. Toujours sourire pour avoir l’air assez forte.
 

-Ne porte pas ça, c’est trop court 
Oh non... Pas ce discours… 

-Ainsi, tu vas courir après ton viol.
Pourquoi... C’est juste une camisole. 

-Tu ne devrais pas lui parler.
S’il te plaît, pars.. 


BAM! BAM! BAM! 

Encore plus de ces commentaires insensés que tu continues de me chuchoter. Il y a tant de critères à respecter pour être assez bien. C’est trop à supporter, peu de gens écoutent, tandis que beaucoup regardent sans agir. Pourtant, tout ça a l’air si simple. Nous, jeunes adolescentes, sommes bombardées. 

 

-Il faut que t’aies des enfants plus tard.
Laisse-moi… Je ne suis pas en retard... 

-Ark, t’aimes les filles? C’est un gars qu’il te faut. 
C’est faux… Tu fais paraître ça comme un défaut... 

-Ta jupe, c’est inapproprié. 
En quoi es-tu si horrifié... 

-On voit ton ventre et tes genoux? 
Ça ne fait pas de moi un voyou.. 


BAM! Mon habit ne convient jamais. C’est toujours trop osé, vulgaire ou indécent. J’aimerais que tu saches ce que me fait cette pression. Le mal qu’elle peut engendrer. Je ne suis jamais assez bien. C’est l’information que je reçois face à ta pression, celle que beaucoup reçoivent. 
 

BAM! Laisse-moi choisir si je veux des enfants ou non. 

BAM! J’ai le droit d’aimer qui j’en ai envie. 

BAM! BAM! BAM! 


Imaginez avoir cette douleur cachée au fond de soi chaque jour. Ce mal, car tu as l’impression de ne pas en valoir la peine, de ne pas cocher tous les critères qu'on devrait pouvoir cocher. Ce fardeau à traîner comme un boulet. Constamment, chaque jour, cette impression de ne pas être assez maquillée ou cette peur de dire le mot de trop. 

 

BAM! C’est chaque commentaire qui fait ça. 

BAM! Ça s’enfonce de plus en plus loin. 

BAM! Tu ne connais pas mes pensées. Tu ne connais pas mes pensées, car tu les trouverais insensées. Sous un fleuve de rire lorsque je marche dans le couloir, je marche plus vite, car je me sens comme un loir. Petit animal vite intimidé, j’ai cette impression de ne plus avoir d’intimité. 
 

BAM! Je me donne ce sourire et regarde vers le haut.

BAM! L’école est une foire. Tout le monde regarde les autres de travers, la cour de jugement est ouverte. Un rire par-ci; un regard par-là. Toujours à me sentir regardée par les garçons qui me jugent sur ce qu'ils croient être la beauté. Les filles, elles, comme des vermines, attaquent les leurs par pur plaisir ou parfois pour avoir l’air bien. Alors qu’au fond, we’re all good enough. Cette pression que les femmes vivent, elles la vivent à cause des hommes, qui eux, se pensent parfois supérieurs. Sauf qu’elles la vivent aussi à cause des femmes, qui elles, pensent pouvoir juger quelqu’un selon son apparence. 
 

Au fond, peu importe ce qui arrive, cette pression restera. Peu importe les mots entendus, car on ne change pas les gens aussi facilement. On apprend à vivre avec…
 

Même si elle a le devoir de s’effacer. Elle a le culot de rester.

Noémi

Noémi Matuga

Salut, moi, c’est Noémi. J’ai 16 ans et je suis en 5e secondaire. Je dirais de moi que je suis quelqu’un d’ouvert d’esprit. Je cherche vraiment à en savoir plus sur les gens autour de moi. Je suis aussi quelqu’un de très sensible. L’écriture m’amène dans une sorte de monde où je peux enfin me libérer. C’est une des raisons pour laquelle je participe à La deMOIs’aile cette année. Je vais pouvoir m’exprimer et dire ce que je ressens. Les mots sont l’arme la plus forte au monde, rien n’est plus fort, rien n’est plus puissant. Ils sont durs à manier. J’espère avoir cette force pour en faire bon usage.

Noémi Matuga - École secondaire de Mirabel