Aujourd'hui, tu te lèveras, enfileras ton uniforme et sauteras ton petit-déjeuner. De toute façon, cela fait déjà plusieurs semaines que ton appétit t'a quitté. Tu iras à l'école, te demandant si les personnes que tu croises en chemin ressentiront au moins un petit pincement au cœur quand ils apprendront. Pour une fois dans ta vie, tu seras connue pour tes actes, et non pour ton nom. Mais au fond, tu sais que ce ne sera pas le cas.
À l'école, tu auras envie de dormir, mais le son assourdissant des voix de tes camarades t'en empêchera. Ils ne savent rien de ce que tu traverses et ne vivront jamais une once de ce chagrin qui te transperce. Tes enseignants se sentiront coupables de n'avoir rien remarqué en passant les feuilles sur les bureaux. À partir de ce moment, ils sauteront toujours le tien, une larme au coin de l'œil. Mais peu importe, car au bout d'un moment, tu finiras par t'endormir.
Ce soir, comme tous les autres soirs, tu auras beaucoup de devoirs. Cette motivation t'a quitté depuis longtemps, mais tu prendras quand même ce crayon entre tes doigts. Tu écriras réponse après réponse, même si elles ne font pas de sens. Comment pourrais-tu écrire des réponses cohérentes quand tes pensées ne le sont plus?
Le lendemain, le crayon tombera de tes mains. Cette fois-ci, tu dessineras ta douleur. En cette journée, tu briseras pour la première fois une promesse faite à ta mère. Un coup de pinceau à la fois, ce schéma désastreux apparaîtra et en quelques traits, tu seras épuisée. Tu le regretteras, mais rien ne pourra t'arrêter.
Désormais, te lever te prendra toutes tes forces. Tu auras l'impression que ton lit t'engloutit dans un chagrin immense. Chaque action sera de plus en plus difficile. Après plusieurs minutes, une voix forte viendra te réveiller. Malgré ta réticence à te lever, tu iras à l'école. Tu briseras pour la deuxième fois une promesse que tu avais faite autrefois. Aujourd'hui, tu deviendras comme ces pauvres imbéciles qui sèchent leurs cours, gaspillant leur vie et se tuant à petit feu. Contrairement à eux, toi, tu es assez intelligente pour sauter.
Pour quelque raison que ce soit, aujourd'hui ne sera pas ta journée. Cet épuisement constant te fera enfin éclater. Tu pleuras. Tu pleuras comme cet enfant en crise ayant perdu son ballon. Tu auras envie de détruire ton âme et de voir l'intérieur de cette coquille vide que tu es. Mais tu n'y parviendras pas. Tu n'as jamais su faire les choses correctement, de toute façon.
Le dénouement de ton histoire approche à grands pas. Aujourd'hui, tu te lèveras, enfileras ton uniforme, et marcheras jusqu'à l'école. Chaque pas sera douloureux, et tes coupures, aussi profondes soient-elles, te rappelleront du fardeau que tu es. Ton histoire est une tragédie, et ta fin le sera aussi. Tu auras du mal à respirer, tes membres trembleront, et tes lettres seront déposées sur ton bureau. Si tu prends la peine d'écrire des lettres, c'est que tu as des raisons de rester, mais les tiennes seront presque vides, avec un simple mot : désolée.
Aujourd'hui tu voudras briser pour la dernière fois les promesses que tu avais autrefois faites. Sur le bord de ce gouffre, tu avais décidé d'y plonger, mais tu n'y arriveras pas. Tu avais beaucoup d'autres choses à dire finalement.
Océanne