Je me souviens que lorsque j’étais au primaire, j’observais parfois les filles de ma classe en me disant cette fameuse phrase : « Si j’étais un garçon, j’aurais bien aimé sortir avec elle.» Que ce soit à l’école ou à la maison, je n’avais jamais vraiment entendu parler des différentes orientations sexuelles. Disons qu’en même temps, on en parlait très peu contrairement à aujourd’hui. Pour moi, les seules possibilités qu’on avait étaient gay/lesbienne ou hétéro, et comme je savais que j’aimais les garçons, je suis partie du principe que je n’étais attirée que par eux.
Au début du secondaire, il m’est arrivé à deux reprises qu’une amie m’avoue ses sentiments. Même si je me considérais toujours comme hétéro, j’étais curieuse d’expérimenter de nouvelles choses, mais je n’en ai pas eu le courage.
Plus tard, j’ai connu l’existence de différentes autres orientations. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à m’interroger plus sérieusement, et encore plus lorsque le confinement a été mis en place. Sur les réseaux sociaux, ça parlait de plus en plus de la communauté LGBTQ+ et beaucoup de gens s’ouvraient sur ce sujet. Je m’y sentais à ma place, j’avais l’impression d’avoir enfin trouvé un lieu où j'étais certaine qu’on m’accepterait pour qui je suis. Je craignais moins de m’assumer.
Je pensais tout d’abord que j’étais bisexuelle, mais maintenant, je suis à peu près sûre d’être pansexuelle. Je me suis rendu compte qu’en fait, le genre d’une personne n'influence pas sur l’attirance que je peux ressentir, ça m’est complètement égal. C’est difficile d’être tout à fait certaine de mon orientation puisque je n’ai jamais eu de réelle expérience dans le domaine amoureux, mais je le sais. Je le sens, c’est tout.
Jusqu’ici, j’ai fait mon coming-out à mes amis proches. Dans ma famille, ma sœur l’a découvert en tombant sur le texte que j’avais écrit l’an passé et, récemment, je l’ai annoncé à mon père. Je ne comptais pas le faire, mais j’avais remarqué qu’il avait mis le drapeau LGBTQ+ sur sa photo de profil lors de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Et puis, je me suis dit que, de toute façon, s’il ne m’acceptait pas, je ne lui parle pas souvent et je ne le vois pratiquement jamais puisqu’il habite très loin, donc ça paraissait moins pire à mes yeux. Finalement, il l’a très bien pris et il me soutient. Dans la famille du côté de ma mère, c’est un peu plus compliqué. Même si ça se dit ouvert d’esprit, j’entends des commentaires homophobes et transphobes, ce qui vient bloquer encore plus.
J’essaye d’éduquer du mieux que je peux ma sœur sur la communauté LGBTQ+, car j’aurais aimé qu’on le fasse avec moi quand j’avais son âge. Je pense qu’il est important d’en parler aussi aux plus jeunes pour qu’ils puissent sentir qu’ils seront acceptés pour qui ils sont et qui ils aiment. Ça pourrait également permettre aux prochaines générations d’être plus ouvertes et de rendre ça plus « naturel » aux yeux des gens.
Amélie