Aimez notre page
Suivez nous sur



École secondaire Augustin-Norbert-Morin

Projet de mémoire d’une étudiante de maîtrise en psychoéducation de l’UQO
Vertige
Émotions , École

Vertige

J’imagine le déroulement de ma dernière année au secondaire depuis que je sais c’est quoi, le secondaire. Je me dis que les gens exagèrent quand ils disent que c’est difficile la chimie et je me dis qu’il y a plus de chance que je devienne ébéniste que je porte une robe au bal. Je n’imagine pas aller à l’école une journée sur deux, assister à mon cours de monde contemporain en pyjama dans mon lit et me demander si, avec le masque, c’est vraiment nécessaire de me brosser les dents le matin.

(Oui, c’est nécessaire)

Moi, dans la vie, j’aime ça être prête. Je ne fais rien qui n’est pas calculé à l’avance et ce n’est pas une exagération. Je fais rire les autres parce que je pratique mes blagues dans ma tête avant de les dire, je résous des problèmes parce que je connais la solution avant même qu’ils se produisent. Contrôle, de soi et des autres, en tout temps : une manière simple d’expliquer mes traits de personnalité obsessionnelle compulsive, mais bon, je m’éloigne du sujet. 

(Trouble de personnalité obsessionnelle compulsive. Heille, ça t’en fait ça des points au Scrabble.)

Et là, dans moins de 5 mois, j’aurai officiellement terminé mon secondaire, j’irai vers le cégep. Je ne me suis jamais sentie autant mal préparée. J’ai tellement peur.

Ce n'est pas seulement une peur de ne pas réussir ou une peur de faire un mauvais choix de parcours, c’est surtout que ce n’est pas comme ça que ça devait se dérouler. J’étais censée terminer ma quatrième secondaire à l’école, passer un été à faire le party, recommencer les compétitions de danse, skier comme si ma vie en dépendait et me sentir cool au bal parce que je porte un veston. On me demande d’envoyer mon admission au cégep et j'ai l’impression qu’on me demande de commencer à écrire le deuxième tome, alors que je n’ai toujours pas terminé le premier. 

J’ai finalement atteint le plus haut plongeoir à la piscine et j’ai le vertige.

Je crois avoir trouvé ce pour lequel je ne pourrai jamais être totalement préparée. La vraie vie, comme ils l’appellent.

Mais, je sais que je n’aurai pas la possibilité de reculer, je dois avancer, peu importe.

Alors, malgré toutes mes craintes, je vais tenir mon courage à deux mains, je vais fermer mes yeux fort et je vais plonger. Dans le vide. Littéralement. 

Je vais le faire. Juste pas maintenant.

 

-Juliette