Je résume mon enfance en disant que je n’ai jamais été capable de faire une omelette parce que j’étais trop bonne pour marcher sur des œufs sans les casser.
C’est toujours plus facile d’utiliser des analogies semi-compréhensibles pour expliquer mon vécu parce qu’on dirait que si je suis directe et honnête, je viens de nommer celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom. Et si, Dieu me pardonne, j’ose parler des séquelles que je traîne avec moi, je viens de crier « Voldemort ».
Ou, sinon, mon admission est rencontrée par des yeux tout brillants et des phrases recyclées qui puent l’émerveillement. « Wow, t’es une inspiration. » « T’es tellement forte! » Est-ce que je suis soudainement devenue Wonder Woman parce que j’ai dit à voix haute que je parle à une psychologue?
Je sais que ces réactions ne sont aucunement mal intentionnées et seulement maladroites. Je le sais. C’est juste que je me le dis déjà assez que je suis une extraterrestre qui rend tout le monde inconfortable. Je n’ai pas besoin qu’on me le fasse sentir en plus.
Et peut-être que c’est anormal dans un sens, une fille de 16 ans qui note ce qui lui arrive dans une semaine pour savoir de quoi parler pendant sa prochaine rencontre avec sa psy et qui passe autant de temps à faire des maths qu’à faire de l’introspection, mais c’est normal pour moi. J’en ai besoin. Maintenant, j’aurais besoin que ça devienne normal pour les autres aussi.
Parce que moi, j'ai un paquet de choses à dire. J’ai envie de partager et j’ai envie de le faire ouvertement. J’attends juste que vous soyez prêts à l’entendre.
Faites-moi signe quand vous le serez.
-Juliette