4 mars 2021, 23:33. J’essaie d’écrire mon texte pour la deMOIs’aile et je suis tout simplement incapable.
C’est mon dernier, mon huitième et j’ai l’impression qu’il faut qu’il soit grandiose, qu’il faut que ça soit mon meilleur jusqu’à maintenant. Je veux avoir une finale épique, digne de la dernière minute d’un spectacle de feux artifices; je veux m'éclipser sur une trame sonore d'onomatopées d’émerveillement.
Je veux tellement
Et c’est pire que de tout simplement vouloir bien faire. Je veux qu’on pense que j’ai bien fait.
Des germes de désirs et d’attentes font tranquillement leur apparition au bout de mes doigts, prennent la forme de l’impression que je veux imposer aux autres de moi. Ils grandissent, ils fleurissent, ils se déplacent. Ils veulent qu’on me trouve bonne; ils veulent qu’on parle de moi; ils veulent qu’on soit fier de moi. Je veux qu’on soit fier de moi. Autrefois de jeunes pousses, aujourd'hui quasiment des lianes; ils s’enroulent autour de tout mon corps et, moi, je ne peux plus bouger. Ils m’en empêchent.
Je veux tellement que je ne peux plus.
C’est impossible de rédiger la plus simple des phrases quand on se demande si maman va la trouver jolie, si son prof va en apprécier la tournure ou si l’ami de la tante du frère de la cousine de la grand-mère de l’autre va la comprendre. C’est impossible de livrer une partie de son être quand on ne fait que se considérer dans l’optique des autres et, à essayer de bien paraître dans celui de chacun, on devient une caricature de soi, une simple ombre.
Sauf que je n’ai pas envie d’être une ombre; je n’ai pas envie d’être passagère ni de me fondre dans le décor. J’ai envie d’être moi, facile comme tout. Alors, il y a un deuil à faire. Il faut que je laisse aller toutes les facettes parfaites que j’aurais envie de présenter et que j’accepte que mon entièreté soit beaucoup trop grande pour plaire à tous.
Moins facile comme tout.
Je ne pense pas avoir totalement réussi, ni aurais-je la capacité de le faire complètement d’ici longtemps, mais au moins, j’ai réussi à écrire mon texte. C’est déjà ça.
Au fond, il faut que je me plaise avant tout parce que moi, je n’ai pas le choix de me voir en entier. Et il faut que je réalise que si je créais uniquement pour les autres, je ne serais plus capable de me regarder dans le miroir.
5 mars 2021, 1:09. Incapable? J’aime bien me contredire on dirait.
(Assez grandiose à ton goût ça?)
Juliette