Quand j’avais 9 ans, je suis allée au Planétarium pour la fête d’une amie. Je me souviens d’avoir assisté à un spectacle dans un dôme où on explorait notre véritable place dans le cosmos. Assise par terre, je regardais la représentation au-dessus de moi et, soudainement, les astres se sont mis à tourner si vite que j’avais l’impression que je tournais avec eux; j’avais l’impression de me laisser emporter dans l’immensité de l’Univers.
Des fois, je me dis que c’était une bonne métaphore pour ma vie.
J’ai envie de tout faire, j’ai envie de tout réussir, j’ai envie de tout devenir. J’ai envie de foncer et de courir jusqu’au bout du monde, mais ça finit toujours par me ralentir. Le bruit. Les chuchotements me grimpent lentement dans le dos, les paroles pèsent sur mon torse et les cris se logent sur mes tempes, de la statique de vieille TV dans mon crâne. Je m’arrête et je l’écoute. Je me laisse embobiner et je sens que je n’avance plus : je recule.
Le bruit, c’est tout. Ce sont des jugements, des idées préconçues, des peurs, des chicanes, des attaques, des souvenirs, des standards, des attentes. Le bruit, il est extérieur, mais il est vicieux. Il nous infiltre et plante des semences de doutes là où le sol était auparavant vierge. On a à peine les deux mains sur les oreilles qu’on réalise qu’on crie nous aussi. On crie dans le vide, on crie à s’en érafler la gorge. On se crie dessus.
On devient le bruit.
On est le bruit.
Je suis le bruit.
Et, comme dans mon souvenir, je ne sais pas comment m’en sortir. Ou plutôt, je ne sais pas comment m’en sortir seule.
Parce que ce n’est jamais moi qui ai découvert que le sol du Planétarium n’était pas en mouvement. Une main sur l’épaule, une explication rapide et j’étais sortie de mon hypnose. Parce qu’il nous arrive d’être coincés dans une spirale interminable. Quelqu’un pour nous épauler, pour nous aider et on respire un peu mieux soudainement.
Le monde est un peu plus silencieux soudainement.
Juliette:)