« On va lui botter le cul à ce cancer-là ! », ai-je dit il y a 9 ans alors que j’en avais à peine 7. Je ne pleurais pas, mais j’étais terrorisée à l’idée de perdre ma mère après avoir vu ma marraine mourir à petit feu. La maladie l’a complètement engloutie, mais elle nous a tous sauvés. C’est grâce à elle, si l’on sait aujourd’hui que ces cancers sont causés par le BRCA-1, une mutation génétique du cancer du sein triple négatif hormonal. Je n’exprimais pas énormément mes émotions à cette époque; mais il était impératif de ne pas laisser la maladie emmener ma mère.
Aujourd’hui, cette phrase a un autre sens. Probablement parce que c’est à moi maintenant qu’elle s’applique.
Je suis terrorisée, mais je dois rester forte. J’ai testé “positive” moi aussi à cette mutation génétique. Je le savais au fond de moi depuis longtemps, je le sais depuis toujours. Mais en même temps, avoir le véritable verdict est un peu comme une claque au visage. Je m’y attendais vraiment, même si parfois je tombe dans mes pensées et je me demande ce qui va m’arriver, ce qui va arriver. Personne ne veut être malade. Je ne veux pas me lever un matin avec un coup de téléphone du genre :«Madame Kiczak, j’ai la lourde tâche de vous annoncer que vous avez un cancer du sein.»
Ce gène-là, c’est 87% de chances d’attraper un cancer du sein au cours de ma vie et 63% de chance d’un cancer des ovaires… Je me soulage en me disant qu’au moins, je suis prise en charge par une équipe dévouée et que ce résultat me permettra de prendre des mesures préventives beaucoup plus rapidement que la moyenne. Mieux vaut prévenir que guérir comme le veut le dicton!
Ce n’est pas le genre de choses dont on parle au secondaire. À seulement 15 ans, je suis la plus jeune femme à avoir été déclarée positive au Québec. Pis ça change la perspective d’une personne ce genre de résultats. Je n’ai pas envie de rester assise et de passer à côté de ma vie. Je veux voyager, jouer de la musique et manger de la bonne bouffe. Je veux juste pouvoir chanter “I Will Survive” et dire que je suis aussi résiliente que Gloria Gaynor.
Ce gène fait bien partie de moi, mais il ne me définit pas. J’ai choisi la vie, la musique, la joie d’être. Et même sous la pluie, je continuerai de chanter !
