La réponse semble facile. Enfin, évidemment : tout!
Je donnerais tout pour ne plus avoir à aller voir ma thérapeute, pour être normale.
Je renoncerais à mentir après une rechute, pour être normale, et je cesserais de mentir sur ce que je ressens, pour être normale.
Tu sais quoi ? Je renoncerais même à ces documents, ces schémas, ces diagnostics de santé mentale qu’on me jette à la figure chaque fois que j’ouvre la bouche.
Je renoncerais à ce flou intérieur, à ce manque de compréhension de mes propres émotions. Je cesserais de me blâmer pour tout, de toujours m’excuser, pour être normale.
Je renoncerais à toute l’énergie que je mets dans mes amitiés, pour si peu de reconnaissance en retour, juste pour être normale.
Je donnerais ma sueur et mes larmes, juste pour être normale.
Et tu sais quoi? Ça ne marcherait même pas.
Pas parce que je n’ai pas assez essayé ni parce que je n’ai pas assez donné pour être normale.
Mais parce que ce mot, « normal », n’existe pas chez les humains.
Il n’existe pas de catégorie d’êtres humains considérée comme « normale ».
La normalité, ce ne sont que des standards. Et les standards, ce sont des opinions personnelles, ce qui veut dire que chacun a sa propre définition du mot « normal ».
Donc, la normalité, en fait, n’existe pas.
Parce que, même si on ne le voit pas, tout le monde abandonnerait quelque chose pour paraître normal.
Que ce soit un handicap ou un sentiment désagréable, tout le monde a des choses qui lui donnent l’impression de ne pas être normal et d’être exclu par ceux qu’on considère comme « normaux ».
Mais au fond, ne pas être normal, c’est justement ce qui te rend « normal ».
Alors oui, je veux toujours être normale. N’avoir que des émotions positives et aucun problème.
Mais ce sont justement les émotions désagréables qui rendent la joie si précieuse.
Ne rien avoir à surmonter, aucun obstacle à franchir, ça ne stimule pas ton esprit.
À la fin, être normal, ce serait juste… ennuyeux.
Alors je donnerais tout… et rien, pour être normale.
Vanessa


