Une heure, un jour, un mois et maintenant 7 ans.
Ah cher temps…
J'imagine que tu ne le sais pas, mais tu me terrifies. Tu es vicieux, fourbe et terrifiant. Tu es aussi très rapide, trop rapide. C’est comme si, en un claquement de doigts, un clignement d'œil ou même aussi un battement de cœur, il y a 10 ans qui sont passés. Je me revois, très jeune, à être devant l’ordi à chanter : “Libérée, délivrée” à pleins poumons, à jouer dans les cheveux de mes frères pendant qu'ils jouaient sur leur PS4. Quand je faisais exprès pour exaspérer mes frères en auto, tous les trajets d’auto pour aller à la garderie où mon père et moi chantions : “Si tu aimes le soleil”. Quand ma mère me peignait les cheveux parce que je disais en être incapable alors que c’était complètement faux, mais ce petit rituel était, selon moi, trop important pour l’abandonner. Et aussi quand je regardais mes frères et mon père jouer à Risk dans la cuisine alors que moi, trop jeune pour jouer, les observais avec incompréhension.
Mais je me souviens aussi quand on me disait, plus jeune, que le temps passait très vite. Mais je refusais d’y croire, car pour la petite Jade, le temps était interminable. Cependant, les jours, les mois et les années passent sans qu’on ne s’en rende compte et il y a 7, 8 et 9 ans qui sont passés en un claquement de doigts, un clignement d'œil et un battement de coeur et c’est ça qui me fait peur. De plus, le temps s’écoule et ma mémoire n’est pas infaillible : elle en perd quelques bouts et, sans que je m’en aperçoive, mes souvenirs les plus vieux deviennent flous et même certains s'effacent comme s’ils n’avaient jamais existé.
Alors pour finir, cher temps, tu me fais peur. Mais je ne peux pas rester là à te regarder filer puisque sinon, je passerais à côté de la vie et même s’il faut que je laisse des souvenirs derrière et que j’avance à contrecœur, je le ferai puisque je n’ai qu’une vie.
Mais s’il te plaît, ralentis.
Jade Villecourt