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École secondaire d’Amos – La Forêt

Les sauveurs mal jugés
École , Persévérance

Les sauveurs mal jugés

Depuis que je suis très jeune, je suis proche de mes enseignants. Selon moi, ils sont beaucoup trop jugés et mis de côté. Je vais vous raconter quand tout a commencé.

Ils sont entrés dans ma vie dès la maternelle, comme la plupart d’entre nous. Il y avait une différence entre moi et mes camarades de classe : eux venaient apprendre les maths et moi, j’apprenais en plus la vie. Le seul endroit où je pouvais apprendre, c’était à l’école. J’assimilais les choses de la vie quotidienne des professeurs qui m’entouraient, car à la maison, c’était impossible. Le seul endroit où j’étais bien, c’était près de mes profs qui m’inculquaient non seulement leurs valeurs, mais aussi comment devenir une bonne personne. Sans eux, je n’écrirais pas ce texte, car ce que je sais, c’est grâce à eux. Ces enseignantes pourraient dédier leur vie à l’art ou bien à la nature et pourtant, elles ont décidé de contribuer à l’éducation. Ce n’est pas seulement ça ; elles passent des 50h/semaine à corriger, préparer leurs cours et des activités pour nous, alors qu’elles pourraient écouter Netflix. 

Ce n’est pas seulement ça. Beaucoup me connaissent pour mon parcours hors du commun et ma grande résilience. Je n’ai pas appris cela de n’importe qui. Au cours de mon parcours scolaire, j’ai eu des professeurs qui m’ont marquée, m’ont éduquée et m’ont relevée. Jeune, j’avais toujours des conflits, personne ne me comprenait et je me sentais seule au monde. Mon enseignante de 4e année m’a totalement permis de voir l’école d’une autre façon. Elle m’aimait pour qui j’étais et m’apportait même des vêtements. Elle adorait la vie et Usain Bolt. C’est cette année-là que j’ai arrêté de me faire renvoyer de l’école, de faire d’énormes crises, d’être en retrait tout le temps. Elle m’a donné envie d’essayer, et d’un coup, je trouvais enfin ma place dans ce monde. Puis la 6eme année arriva beaucoup trop vite. Entre temps, j’avais changé de ville. Je n’étais pas aimée de mes camarades et j’étais toujours en conflit. La gestion des émotions est bien la dernière chose que j’avais pu apprendre chez moi. Puis, cette prof, confidente et sauveuse est arrivée. Elle a changé le cours des choses pour moi. Elle m’a donné envie de croire en la vie et en ce que je pouvais devenir. Elle me fascinait. Elle était vite devenue ma confidente et celle qui me montrait les choses de la vie. La 6eme était mon année covid, alors je me suis découvert cette année-là. J'étais infiniment malheureuse et je me sentais seule au monde. J'étais différente et tout le monde le savait. Je me rappelle que je lui écrivais des lettres dans lesquelles je me confiais. Elle a été la première à savoir que j’aimais les filles. Elle a lu toutes mes inquiétudes, et m’a fait voir les choses d’un autre angle. Elle m’a relevée chaque fois que je suis tombée. La fin de l’année arriva et je pleurais comme si on m’enlevait ma seule raison d’aller à l’école. Le secondaire fut la pire période de ma vie. Même si je peux qualifier l’entièreté de ma vie comme n’étant pas très belle, le secondaire, ça m’a rentré dedans. Je me faisais intimider, j’étais toujours en chicane et toujours triste d’essayer de sauver tout le monde. Alors que moi, personne ne me sauvait. Puis je me rappelle avoir fait de nombreuses crises de panique. Je fuyais les intervenants, car selon eux, je cherchais l’attention. Je souffrais énormément et je voulais disparaitre. Mes bras avaient subi de grandes blessures et mon coeur aussi. J’avais seulement envie de me sentir bien à quelque part. Finalement, en secondaire 1, mon enseignante de français m’a appris que tout irait bien, que je n’étais pas seule. Non, je l’avais, elle. Et finalement, elle fut ma confidente cette année-là. Puis l’année dernière, j’ai eu la chance de côtoyer non seulement une professeure en or, mais une femme extraordinaire. Parce que non, ce n’est pas vrai qu’elles nous enseignent seulement de l’académique. Elles sont des humaines et font de nous des personnes cultivées. Je me rappelle que j’ai voulu quitter l’école l’an passé puisque les autres ne m’acceptaient toujours pas. Pourtant, j’ai passé des récrés avec elle, car elle était la seule qui me comprenait. Puis quand j’ai voulu tout lâcher, elle m’a appelée et m’a fait comprendre que j’avais aussi droit à la réussite. Elle est de celles qui me marqueront à jamais et me permet de croire en la vie.

Les jeunes ont trop de préjugés et ne voient pas la réelle valeur de ce que ces enseignants nous apportent. Je me rappelle mon passage au secondaire et au primaire et la seule chose positive que je retiens, ce sont ces enseignantes. Elles m’ont éduquée et m’ont amenée à devenir qui je suis, chacune à leur manière. Elles m’ont convaincue que je pouvais réussir. Je gradue cette année, et sans elles, ça n’aurait pas été possible. 

Merci de faire une différence dans nos vies et surtout, dans la mienne. Merci d’avoir cru en moi quand je ne le pouvais pas. Et merci d’avoir guéri des blessures que vous n’avez pas causé. Même sans le salaire que vous devriez avoir, vous marquez des vies et je vous en suis très reconnaissante.

C'est vous les vrais médecins, vous nous apprenez et vous guérissez.

Merci,

Alycia xxx

Alycia Larose

Mon prénom est Alycia et j’ai 16 ans. Je suis une élève de 5e secondaire. L’an passé, j’ai eu la chance énorme de pouvoir participer à l’expérience de La deMOIs’aile. Cette expérience m’a apporté énormément, de sentir que je pouvais faire une différence à travers les mots. Les mots guérissent les blessures. La deMOIs’aile m’a donné la chance de mettre à nu ma façon de voir les choses. Cette année est ma dernière au secondaire, j’aimerais pour la dernière fois faire une différence, pour une dernière fois être différente des autres. J’aimerais pouvoir, à travers mes écrits, toucher des adolescentes qui se sont toujours senties seules, j’aimerais qu’elles croient en elles de nouveau.

Alycia Larose - École secondaire d’Amos – La Forêt