Le cinéma et la musique sont sans doute deux des médias les plus appréciés, toutes époques confondues. La manière dont nous les consommons, par contre, a drastiquement changé au cours des années.
Il y a environ 30 ans, les prérequis pour visionner un film étaient légèrement différents de ceux d’aujourd’hui. Il fallait, tout d’abord, s’équiper d’un lecteur DVD, puis acheter ou louer le DVD du film souhaité. Dans les années 90 et avant, pour écouter de la musique, il fallait soit acheter le CD d’un album, graver un CD soi-même, acheter des vinyles ou des cassettes (sans parler de l’équipement nécessaire pour les faire jouer), s'en est suivi, plus tard, du lecteur MP3.
En 1997, comme beaucoup de commerces déjà établis, une nouvelle compagnie développera un service de location en ligne de DVD, livrés directement à la porte des clients. Avec les nouvelles technologies et, bien évidemment, ses profits générés, cette compagnie évoluera et changera complètement son modèle d’affaires pour devenir la plateforme de diffusion en continu la plus populaire de nos jours, c'est-à-dire Netflix.
En 2006, la plateforme Spotify a été fondée pour combattre le piratage bien présent à cause des coûts de la musique qui pouvaient s’avérer élevés. L’application est basée, similairement à Netflix, sur un mode de paiement mensuel de l’utilisateur pour avoir accès à du contenu pratiquement sans fin et sans publicités.
Grâce au succès de ces compagnies parmi tant d’autres, plusieurs ont vu l’opportunité d’adapter leurs services pour répondre à une nouvelle demande.
Pourquoi ce type de modèle d’affaires est-il soudainement devenu populaire auprès des consommateurs et quels en sont leurs effets pour ces derniers?
Auparavant, avoir accès à une chanson, un album ou un film nécessitait un achat, mais, une fois la transaction terminée, l’acheteur avait la liberté de garder l’article, le vendre, le prêter, etc., puisqu’il s’agissait d’un objet physique. Cependant, avec la numérisation de beaucoup de médias (musique, journal, cinéma, livre, photographie), il est devenu plus rentable pour les consommateurs de payer une somme mensuelle pour accéder à un plus large catalogue, en renonçant au passage à la propriété du bien.
Quand ces services émergeaient tout juste au marché, leur rapport qualité-prix était excellent, ce qui en motiva plusieurs à transitionner vers ceux-ci. Maintenant bien établi et vu comme la norme (les consommateurs étant devenus dépendants d’eux, les compagnies observant cela aussi), ce rapport s’est dégradé. En effet, les compagnies ayant augmenté leurs prix et réduit les fonctionnalités des plateformes, cela nous ramène à la case départ. Néanmoins, cette fois, la case départ implique que les « prêteurs de licence » peuvent à tout moment retirer au consommateur un média, s’ils le souhaitent.
Kindle, le service de vente de livres pour liseuses d’Amazon a fait l’objet d’une controverse en 2009 pour avoir supprimé le livre 1984 de toutes les liseuses l’ayant acheté. Certains utilisateurs de Spotify ont mentionné avoir perdu leur répertoire complet d’albums et de playlists créés et sauvegardés sur leur compte soudainement. Les épisodes et films sur Netflix, Hulu et Prime Video, pour en nommer quelques-uns, contiennent de la publicité, malgré un abonnement payant. Ceci peut démontrer que ce sont désormais les entreprises qui détiennent le pouvoir et que les consommateurs doivent s’y conformer.
C’est vrai qu’à première vue, un abonnement mensuel ou l’achat d’un bien digital peut s’avérer moins coûteux et plus convenable dans un monde où l'on aspire à moins générer de pollution et à économiser davantage. Par contre, il ne faut pas tomber dans le piège d’en acheter simultanément une poignée et de se retrouver avec des dépenses ridiculement élevées. Il s’agit surtout d’une question d’évaluation de ses propres besoins: si quelqu’un n’écoute que les mêmes vingt chansons en rotation à longueur d’année, peut-être serait-il préférable d’acheter la version digitale de celles-ci, ou bien un CD gravé, et ce, pour une seule fois, plutôt que de payer une douzaine de dollars aux quatre semaines à l’infini. Il faut aussi mesurer nos intentions d’utilisation du média acquis: voulait-on le conserver à long terme pour pouvoir le consulter facilement sans l’aide d’un appareil électronique ou voulait-on en avoir l’accès à court terme n’importe où à l’aide d’un appareil électronique?
Ce modèle d’affaires est devenu populaire pour une raison: il permet aux gens de s’éviter le fardeau ou la responsabilité de la possession d’objets. Il faut simplement se poser les bonnes questions en tant que consommateurs et rester vigilants par rapport aux langages employés par les entreprises pour soutirer de l’argent à ses clients. Enfin, il s’agit là d’un sujet à traiter pour plus tard.
Léonie