La majorité de la population mondiale est atteinte de ce trouble de l'attention. On le qualifie de handicap. On le cache, on le médicamente pour le faire disparaître. Je comprends, sincèrement. Avec des médicaments, ma mère n'a pas peur que je me fasse frapper au coin de la rue parce que j'ai manqué d'attention. Je ne risque pas de faire brûler ce qu’il y a dans la casserole ou d’oublier ce que je devais faire parce que je serais partie. Mais partie ou? C'est toute une question.
Cela doit être différent pour tout le monde, certains s'en rappellent, d'autres pas. Quelqu'un vole dans le ciel tandis que le reste garde les pieds sur terre. Pour ma part, lorsque je pars, c'est dans ma tête. Dans le monde qui y vit.
J'ai l'air d’une folle quand j'en parle, mais il y a tout un monde entre mes deux oreilles et le TDA en est ma porte d'entrée la plus rapide. Pendant ces petits moments, je les vois, mes personnages, dans une situation dangereuse, puis j'aperçois ce à quoi je n'ai jamais pensé. À ce moment, une autre petite parcelle de mon livre devient réalité. C'est un pas de plus vers la ligne qui se construit face à moi. J'aime ça, sincèrement.
Certes, je n'écoute plus ce qui arrive à l'extérieur, je suis perdue au retour, mais j'aime cette immersion. J'aime ce TDA, ce trouble qu'on m'a transmis, cette attention divergente. Elle me permet de voir, voir d'une manière que personne d'autre ne peut comprendre, voir ce que je suis, ce que je veux, ce que je souhaite.
Donc non, je n'en ai pas honte.
Non, je n'aurais pas préféré naître sans.
Non, ce n'est pas qu'un handicap.
Oui, c'est une partie de moi.
Megane