Quand j’arrive dans ma classe, dans ma cuisine ou aux casiers, la première chose que j’entends, c’est : Allô! Comment ça va? Bien, toi? Mais pour vrai, ça veut dire quoi ça ? Comme si on allait répondre : Pas vraiment, j’ai coulé mon examen de math, je me suis chicanée avec ma mère hier soir et je panique juste à penser à la semaine qui s’en vient… Ben non! Tout le monde répond oui, même si ce n’est pas toujours vrai.
Te souviens-tu la dernière fois que tu as eu une discussion à cœur ouvert sur ce que tu ressens ou sur les grands enjeux de la société? Si c’est le cas, bravo, mais je ne pense pas que c’est une majorité qui pourrait répondre à cette question. Mais pourquoi? Je pense vraiment qu’il y a une part de déni et une autre de désinformation. Le gros du problème, c’est qu’on ne trouve pas le moyen d’aborder ces sujets délicats. Moi la première, je parviens difficilement à parler des problèmes qui touchent notre planète ou du manque d’équité dans la population. Même si j’essaie, j’ai l’impression que je ne trouve pas les mots pour en parler correctement. Au moins j’essaie, c’est ce que je me dis. Tant et aussi longtemps que je ferai l’effort de m’exprimer sur des sujets qui me touchent, je pourrai être fière de moi!
Quand je pense aux mots gaspillés en banalités, au temps perdu qui pourrait être mieux investi ou aux dommages que peut amener un surplus d’émotions trop longtemps refoulées, je me dis que la seule barrière qu’il nous reste à pousser pour pouvoir nous vider la tête, c’est l’écoute. Et à la seconde où nous allons entrouvrir cette porte, les paroles vont venir toutes seules. Comme si elles voulaient s’échapper avant que l'enclos se referme et qu’elles se retrouvent de nouveau prisonnières.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons tellement de choses pertinentes à dire, alors je me pose vraiment la question : pourquoi est-ce que je perds tant de temps à parler du beau temps? Et c’est quand je me fais cette réflexion que je me dis que l’intimidation et toutes les paroles blessantes n’ont plus aucun sens en 2023!
Rosalie