On pourrait croire que la personne qui nous connait le mieux est nous-mêmes. On sait ce qu’on aime ou pas, nos passions et nos exploits. Par contre, j’admets au grand jour un secret que peu de gens veulent admettre... Elle se trouve, dispersée un peu partout dans ce corps, une partie plus sombre et inconnue de sa propriétaire. J’y trouve mes défauts, les raisons cachées pour certaines de mes actions, mais surtout une rage intérieure. N’ayant aucun contrôle dessus, j’ai du mal à la comprendre. Je me questionne souvent sur l’origine d’une insécurité récurrente qui, selon moi, n’est pas attribuable à mon tempérament habituel. Celle-ci me dirige comme un gouvernail défectueux. Elle me mène à un face à face inévitable contre d’énormes rochers. Comment régler un problème dont on ne connaît pas la source ?
Je crois savoir qui je suis, mais suis-je autre ? Mes craintes alimentent ma rage cachée comme l’obscurité lors d’un cauchemar. Je n’y vois rien. On dit que le temps arrange les choses, pourtant je ne vois pas la fin. L’attribuer à une seule cause, un seul événement, ne serait que lui faire déshonneur. Elle s’agrippe à chaque moment de faiblesse qu’une adolescente comme moi peut vivre. Elle y prend racine et change notre façon de penser. Souvent, je vais l’ignorer. Arrive alors un déclencheur lors d’un moment aussi banal qu’un cours d’anglais. Imaginez un liquide noir, opaque, qui coule de partout. La panique me prend. Le seul moyen de l’arrêter : arrêter d’y penser. Cela peut sembler assez simple, mais lorsque c’est la seule sortie, c’est extrêmement difficile. Alors, j’écris. En ce moment même, mon crayon s’enfuit de ce liquide qui veut l’arrêter à tout prix. Ce sont les pires facettes de ma personnalité, mes regrets et mes peurs qui forment un reflet que je ne reconnais pas.
Pourtant, c’est moi. Des pieds aux longs cheveux bruns, c’est moi. L’image que je donne quand les gens me croisent dans la rue. Mes peurs ne me définissent pas. C’est mon rire, mes qualités et ma rage qui le font. Une autre sorte de rage. Une rage de vivre. Heureusement, l’espoir est plus fort. J’ai donc espoir d’y trouver fin. Fin à ce labyrinthe qu’est ma personne. J’y crois.