L’acceptation de soi est difficile. J’ai toujours été correcte avec mon corps jusqu’en première secondaire, plus précisément jusqu’au 19 janvier 2016. À cette date, ma vie a basculé du tout au tout. Je ne peux pas être la même personne que la jeune de 13 ans qui se fout un peu de la vie et, que ce n’est pas vrai, la vie ne tient pas à un fil. Maintenant, je te confirme que oui, car frôler la mort, ça fait peur.
Je me souviens, avant d’aller dans la salle d’opération, j’ai dit à ma maman : «Maman, j’ai un mauvais pressentiment, ça va mal se passer. Je t’aime de tout mon cœur.» L’opération qui devait prendre 15 minutes a duré quatre heures. Je ne savais pas ce que l’aorte principale faisait vraiment jusqu’à temps qu’il me la perfore. En tout, j’ai perdu un litre de sang et je me suis réveillée aux soins intensifs avec cette chose si désagréable au ventre. Un énorme pansement blanc, j’ai voulu crier quand j’ai compris que cette marque, cette cicatrice qui est tellement grosse, allait rester là à tout jamais. Je me foutais de savoir si j’étais sauvée ou pas. Je ne voulais pas de cette blessure sur mon ventre, elle mesure au moins 30 centimètres. Comment ne pas la voir quand je suis en maillot de bain ou en sous-vêtement. Après un mois, sans aller à l’école, je redoutais les cours d’éducation. Je n’étais pas comme les autres, j’avais ça, moi, sur mon ventre. Heureusement, ça s’est bien passé, je n’avais aucun mauvais commentaire. En tout cas, s’il y en avait, je ne les entendais pas. Cette année, je fête ma quatrième année avec cette cicatrice qui s’avère être mon nouveau moi. Je me suis habituée à la voir et, le mois dernier, je l’ai vue pour la première fois comme la plus belle chose de mon corps. Alors, parfois ton plus gros complexe devient la plus belle chose à tes yeux. Je ne vais jamais oublier de laisser le temps passé.
Annabelle