Je me souviens encore du jour de notre première rencontre. J’étais si heureuse de voir enfin mon souhait se réaliser. Je n’allais plus être enfant unique et j’allais avoir quelqu’un pour tuer cette solitude. À cet âge, je ne pouvais pas réaliser que les choses n'étaient pas si simples. Toi, si petite et fragile, qui portait déjà tellement sur ton dos. Je n’étais pas en mesure de réaliser à quel point ton arrivée allait changer ma vie.
Un petit être d’environ 2 ans qui débarque dans ta vie du jour au lendemain est brusquant. Perdre de l’attention de la part de ses parents l'est aussi. Pourtant, ce qui m’a le plus secouée a été de réaliser que tu n’étais ni une poupée ni un jouet. Malgré tout l’amour que je t’offrais, j’étais incapable de créer un lien.
Ce serait mentir de dire que je n’ai pas souvent de regrets. J’aurais aimé être consciente plus vite de tes besoins et tes défis. Je dois me rationaliser en me disant que moi aussi, j’étais seulement une enfant, mais cela ne change rien à la culpabilité que je ressens. Je ne pense pas que ce sentiment me quittera un jour. Je dois apprendre à vivre avec et à l’avenir, être là pour toi.
Toutes les deux, nous évoluons chacune à notre vitesse. Je te vois grandir un peu en parallèle et je ne réalise pas toujours à quel point le temps passe vite.
Des peines, tu en as eu. Tu continueras à en avoir encore et encore. Malgré cela, il m’apparaît évident de te dire que tu es la jeune fille la plus merveilleuse que je connaisse.
Pour toi, ma petite sœur
Rafaëlle