Aimez notre page
Suivez nous sur



École secondaire Augustin-Norbert-Morin

Projet de mémoire d’une étudiante de maîtrise en psychoéducation de l’UQO
Le dragon
Abus , Consentement

Le dragon

La petite princesse grandit dans une bulle de gomme balloune; protégée et heureuse.

 

Son château est somptueux, ses robes sont faites de soie et le son de ses rires rebondit sur tous les murs de son palace.

 

Un jour, alors qu’elle se promène tranquillement dans sa cour, elle aperçoit un chemin qu’elle croit ne jamais avoir emprunté. Elle le suit et se retrouve dans une forêt totalement sauvage. La petite princesse est frappée par la beauté que dégage son environnement et elle est si absorbée par ce labyrinthe d’arbres qu’elle ne l’entend pas s’approcher d’elle. Il arrive si soudainement que la petite princesse n’a aucune chance de s’enfuir; elle est complètement sans défense. 

 

Il a de grandes mains aux griffes longues et imposantes, son corps est recouvert d’écailles et il sent comme un feu de camp au crépuscule. Il est un dragon, si on veut.

 

Le dragon la prend d’une patte et s’envole avec elle dans ses bras. Si la petite princesse crie, le vent emporte ses appels à l’aide avec lui. Elle n’a plus de voix.

 

Il la dépose dans une tour au centre de la forêt. Délaissée dans sa prison, la petite princesse se couche sur le sol froid et pleure comme si ses larmes allaient lui acheter sa liberté. Elle songe à son château, à sa mère et à ses robes; elle ne les verra peut-être plus jamais. Elle a si peur.

 

Le temps passe peu à peu et on ne peut plus qualifier la princesse comme étant petite. Sa bulle s’est dégonflée et la vie n’est plus rose bonbon. Elle ne se souvient plus de la sensation du vent sur son visage, elle a oublié l’allure de son château. Les visites quotidiennes du dragon prennent son comble sur elle.

 

Quand elle ferme ses yeux, elle le voit qui s’approche d’elle et enfonce ses griffes dans son crâne jusqu’à ce qu’elle ne se rappelle plus de son nom. Elle peut toujours ressentir ses flammes, lécher son corps sans aucuns remords. Il lui fait tellement mal. Elle se dit que c’est peut-être de sa faute.

 

Parfois, il décide qu’elle en a eu assez. Il lui dit qu’il s’excuse pour tout et l’amène explorer tous les petits coins de la forêt en volant sur son dos. Elle s’accroche à lui et, pour une fois, elle est heureuse qu’il soit si fort. Parce qu’il peut la blesser autant bien qu’il peut la protéger. De retour dans sa tour, la princesse se dit que c’est clairement de sa faute. Il veut seulement son bien. Il l’aime. Comment pourrait-il lui faire du mal?

 

Alors, elle accepte ce qu’il lui donne. Elle le mérite.

 

Elle marche sur des œufs pour le rendre heureux.

 

Elle encaisse les coups quand il rugit.

 

Elle s’excuse pour les brûlures sur son corps.

 

Elle s’excuse pour ses pleurs.

 

Elle s’excuse d’être qui elle est.

 

Elle s’excuse pour lui.


 

Un matin, un chevalier vient la sauver. Il tue son dragon et la sort de sa tour. Le noble la ramène dans son château. La princesse leur dit ce qu’elle a vécu. Elle réalise à quel point c’est horrible.

 

Elle essaie d’oublier. Elle essaie de vivre une vie normale. Elle réussit, pour la plus grande partie.

 

Pourtant, la princesse a l’impression que les flammes, qu’il soufflait sur sa peau, se sont rendues à son cœur. Elle est brûlée au plus haut degré et le temps ne la guérira pas. Les gens ne la guériront pas. Rien ne la guérira.

 

Juliette

Juliette Lachapelle

Je m’appelle Juliette, j’ai 16 ans et je suis en 5e secondaire. Je suis une danseuse, une skieuse et une idéaliste hors pair. L’année dernière, quand j’ai fait La deMOIs’aile, je croyais bien me connaître, mais j’ai rapidement compris que non. J’ai réalisé que je suis en changement perpétuel et c’est donc pour ça que j’ai envie de me prêter au jeu cette année encore. Je veux voir mon évolution et je veux la partager avec les autres.

Juliette Lachapelle - École secondaire Augustin-Norbert-Morin