Comme un arbre qui perd ses feuilles, j’ai perdu une partie de moi. J’ai dû faire le deuil à mes envies, mes passions et ce qui me faisait sentir bien. Mes chevilles sont devenues instables, tel du sable. Mes genoux, une fois debout, sont comme des clous, ils tiennent, mais deviennent de plus en plus faibles. Mes hanches supportent la lourdeur des planches qui me tirent vers le bas quand je veux aller vers le haut. Ce mur s’est créé devant moi et il a laissé, de l’autre côté, une partie de mon identité, quelque chose qui me faisait sentir en vie, investie et accomplie. Maintenant, je me sens prise, je rêve d’être libre, de recourir des kilomètres sans sentir la douleur, de refaire un « leg day » sans avoir à penser comment je vais me lever le lendemain matin, de donner un dernier coup de pied dans l’esprit du karaté, de rentrer à la salle de sport en portant ma fierté d’autrefois fois alors que je n’aurai jamais pensé me retrouver dans cette situation. Je voudrais ne pas devoir compter les heures pour savoir si je peux à nouveau reprendre un médicament, ne pas rechercher la fameuse crème qui soulage ma douleur et pouvoir faire comme si de rien n’était. J’aimerais que tout soit comme avant, mais, bon, je vais foncer et profiter des instants où je me sens bien pour me garder en forme. Je me rends compte, aujourd’hui, qu’il faut profiter de la vie et à quel point je suis chanceuse de ma condition physique, comparée à certains, même si elle n’est pas dans le meilleur état. Alors, profitez de chaque moment comme si c’était le dernier même s‘il semble banal, car, plus tard, il risque de vous manquer.
Marie-Soleil
