Je sais pas comment je vais faire pour fêter Noël cette année.
Je ne sais même pas si ça me tente.
Les lumières me tombent sur les nerfs, les tounes me donnent le goût de brailler dans l’allée du IGA.
Tout le monde parle de chaleur, de familles serrées, de rires autour de la table.
Moi, j’ai juste ton absence qui s’installe à ma place pis qui dit rien.
Tu disais que j’étais à toi. Comme si ça voulait dire de quoi.
Comme si ça excusait chaque fois que t’étais mauvaise.
T’étais à moi aussi, pis t’as été dure à porter chaque esprit de fois.
Dis-leur pas. Dis-leur jamais ce que tu m’as dit quand t’avais besoin de quelqu’un pour absorber ta marde.
Dis-leur pas comment tu me regardais comme si tu me connaissais trop, comme si t’avais un droit sur moi.
J’ai brûlé longtemps, trop longtemps, avant de comprendre que c’était pas de la passion, juste de l’usure lente.
J’suis pas partie en claquant la porte. J’suis partie en m’effaçant, tranquillement, comme quelqu’un qui meurt à petit feu pis que personne ne remarque.
J’ai couru dans ta tête comme dans une maison mal chauffée, pleine de pièces fermées pis de fantômes jamais réglés.
Chez toi, tout était hanté. Même l’amour.
Le pire, c’est qu’on l’sait toutes les deux.
On sait ce qui t’a scrappé.
On sait pourquoi t’es toute seule maintenant, pourquoi t’aimes comme quelqu’un qui sait juste survivre, pas prendre soin.
Pis là, Noël revient.
Comme si de rien n’était.
Comme s’il fallait rappeler, pardonner, faire semblant que ça n’a pas fait mal.
Comme la toune de Bleachers : « Merry Christmas, please don’t call »…
Parce que si tu rappelles, je retombe dedans.
Pis j’ai tellement pas la force de revivre ça entre la dinde pis le dessert.
Fêter Noël, pour moi, cette année, ça va peut-être juste être « rester debout ». Respirer. Pas répondre.
Laisser passer la tempête sans retourner dans ta maison.
Même si ça fait vide.
Même si ça fait froid.
Même si c’est trop tough.
Parce que j’ai déjà assez brûlé.
Éloïse
