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Le Silence de l’Absence

Elianna Michelini

Écrit par : Elianna Michelini

École : École secondaire Liberté Jeunesse

Année scolaire : 2025-2026

Publié le : 21 novembre 2025

Il y a des semaines qui bouleversent toute une vie. La mienne a basculé en quelques jours. Je me souviens encore de ce moment où j’ai appris la nouvelle : mon meilleur ami venait de perdre la vie dans un accident. Un choc brutal. Une déchirure soudaine que rien ne pouvait préparer. On pense toujours qu’on aura le temps. Le temps de se revoir, de rire encore une fois, de dire les choses qu’on garde pour plus tard. Mais parfois, ce « plus tard » n’arrive jamais. Il est parti comme ça, sans prévenir, laissant derrière lui un vide immense, des souvenirs trop lourds à porter et des questions sans réponse.

Comme si ce n’était pas assez, la vie m’a enlevé, la même semaine, une autre personne chère à mon cœur : mon arrière-grand-mère. Elle était âgée, c’est vrai, et je savais qu’elle ne serait pas éternelle, mais on n’est jamais vraiment prêt à dire au revoir, même lorsqu’on s’y attend. Elle représentait la sagesse, la tendresse, la mémoire de notre famille. Perdre les deux à quelques jours d’intervalle, c’était comme tomber dans un gouffre sans fin. Les jours qui ont suivi ont été flous. J’avais du mal à respirer, à comprendre comment tout cela pouvait être réel. Je me sentais vide, comme si on m’avait arraché une partie de moi. Le monde continuait de tourner, les gens riaient dans la rue, comme si de rien n’était, alors que le mien s’était arrêté. Avec le temps, ce même temps que je haïssais pour m’avoir volé ceux que j’aimais, quelque chose a commencé à changer. 

La douleur est toujours là, c’est vrai. Elle ne disparaît pas vraiment, mais elle devient moins violente. Elle se transforme. Elle apprend à cohabiter avec les souvenirs, avec l’amour qu’on a partagé, avec les leçons que ces personnes ont laissées derrière elles. J’ai compris que je n’étais pas seule. Que d’autres avaient aussi traversé l’insupportable. Que parler, écrire, pleurer, crier parfois, ça faisait du bien. Que le silence de l’absence peut être adouci par la présence de ceux qui restent, par les gestes simples, les regards sincères, les souvenirs qu’on fait revivre ensemble. Aujourd’hui, je continue d’avancer. Pas parce que j’ai oublié, mais justement parce que je me souviens. Je vis pour eux, pour honorer ce qu’ils étaient, pour porter en moi une part de leur lumière. Ce n’est pas facile tous les jours. Il y a encore des larmes, des manques, des soirs plus sombres que d’autres, mais il y a aussi des rires, de la force, et l’espoir qu’avec le temps, on apprend à vivre avec. Aujourd’hui, je continue d’avancer. Je le fais à mon rythme, sans prétendre aller bien tous les jours, mais en acceptant que la vie continue, même quand elle fait mal. Je porte leur absence comme on porte une cicatrice : parfois elle brûle, parfois elle s’efface un peu, mais elle me rappelle que j’ai aimé profondément. 

Avec le temps, j’ai compris que ce qu’on perd ne disparaît pas vraiment. Ce qu’on a partagé continue de vivre à travers nous, dans nos gestes, dans nos pensées, dans nos silences aussi. Ils ne sont plus là physiquement, mais je les sens encore dans certains instants : un éclat de rire, une chanson, une odeur, un souvenir qui revient sans prévenir. Ce n’est pas une question d’oublier, ni de tourner la page. C’est une question d’apprendre à vivre avec. À marcher avec ce vide, sans qu’il nous avale. À faire de la peine un moteur, et non une prison.

Élianna

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