Il était une fois une petite fille qui aimait beaucoup l’école. Elle avait des étoiles dans les yeux quand ses enseignants lui permettaient de repousser les limites de l’ignorance. À toutes les fins de semaine, cette petite fille attendait avec impatience le retour en classe. Ce n’était pas sa passion, mais la facilité qu’elle avait dans la plupart de ses matières la rendait fière d’elle et elle avait un besoin insatiable de cette émotion. Elle aimait l’école et était douée pour elle-même, sans avoir besoin de l’approbation de personne. Son père était très fier d’elle, lui aussi. Malheureusement, il le lui faisait comprendre de la pire des façons possibles, en la récompensant pour ses notes au bulletin. Une bonne moyenne générale équivaut à un souper dans son restaurant préféré. Au début, la petite fille adorait cette récompense, c’était gratifiant et elle n’avait pas besoin de faire grand chose de plus parce qu’elle était déjà compétente, mais, dans un recoin de son cerveau, une petite peur la tenaillait de ne pas être assez et de ne pas avoir son souper tant attendu.
Un jour, cette petite fille a eu une moins bonne note. Son père, alarmé par cette tragédie, alla tout de suite en discuter avec elle. Il lui dit beaucoup de choses qui ne voulaient pas dire grand-chose pour elle, elle qui était déjà bouleversée de ne pas avoir atteint ses propres attentes. D’une oreille distraite, elle écoutait son père qui mettait devant ses yeux un plan d’action digne des plus complexes stratégies de la guerre de 45 à coup de récupérations et de cours privés. Elle prit un instant et se dit qu’elle n’avait pas besoin de tout ça, qu’après tout, ce n’était qu’un examen, le prochain allait être mieux, d’autant plus que cet examen, personne ne l’avait réussi. Se disant qu’elle avait probablement raison, elle fit part de son opinion à son père. Apparemment, elle n’avait pas raison. Selon son père, se fier à la prochaine évaluation était stupide et il ne fallait pas se comparer aux autres, seulement à soi-même.
Les examens continuaient de passer et la petite fille continuait de les réussir. Elle pensa alors que, finalement, elle avait eu raison, ce n’était qu’un mauvais examen. Elle en parla à son père, et avec un sourire bienveillant, il la félicita et lui demanda qui détenait la meilleure moyenne de sa classe pour voir si elle avait la capacité de la battre, parce que, selon lui, c’était sûr qu’elle en avait la capacité. La pauvre ne comprenait pas pourquoi son père lui demandait cela. Ne fallait-il pas uniquement se comparer à soi-même? Son cerveau d’enfant était mélangé et elle se dit qu’elle devrait probablement arrêter de se poser des questions, c’était son père, il ne voulait que son bien.
Non?
Clémence