Une fois le soleil couché, quand ses pairs deviennent visibles, j’adore me promener. Le monde est si simple, mais si difficile à comprendre. Le jour, plusieurs ont une mission à accomplir, souvent motivée par des facteurs externes. Chacun sait exactement où, quand, et comment exécuter sa tâche, mais pas toujours pourquoi. Je parle ici d’une véritable raison et non celle qui semble rationnelle, pourtant à moitié réfléchie. Nul ne s’arrête pour s’asseoir sur un des bancs du parc ou dans un café à proximité pour y penser.
La nuit, elle, contrairement à la journée, est beaucoup plus intéressante. Pour cette fenêtre de temps, la population, en général, a le choix entre demeurer chez elle ou se divertir à l’extérieur. Le « pourquoi » semble être l’unique élément d’importance. Elle laisse donc place à une foule d’évènements parfois ordinaires, parfois dépassant la réalité. Par contre, il n’existe qu’une exception à ce principe: une soirée sans péripéties, si toutefois cela arrivait, est une soirée engloutie par une illusion. Peu importe les circonstances, j’en conclus que la nuit peint ce qu’elle engloutit d’une teinte de mystère. Je croise souvent des gens seuls se baladant sans but dans les rues, un peu comme moi. Ils me remarquent du coin de l’oeil et se présentent à moi, chose qui n’arrive jamais durant les heures de pointe. Rares sont les occasions où je cherche une véritable hypothèse sur le quotidien de ces humains, ce qu’ils doivent vivre et ce à quoi ils doivent faire face. Je doute qu’ils fassent de même à mon sujet. L’élément fascinant de ces rencontres, c’est que nos chemins ne se croiseront qu’une seule fois, figurativement ou pas, et qu’elles n’ont aucune signification, à moins que ce soit notre responsabilité de leur en trouver une.
Personnellement, je préfère avoir la liberté de leur donner un « pourquoi » ou pas. Le monde est si complexe, mais si facile à comprendre, car il est sans morale, sans introduction, sans conclusion, sans lignes. Après tout, il fera toujours nuit quelque part sur cette planète.
Léonie
