Je suis souvent celle qui fuit.
Celle qui, derrière son sourire léger,
Cache un obstacle qu’elle n’a pas voulu affronter.
En le mettant de côté, c’est comme s’il n’existait plus, non? Non.
Il existe encore. En fait, ils existent encore. Ils sont là, dans un coin de mon cerveau et viennent cogner à la porte de temps en temps. Pour ne pas que je les oublie. J’aurais envie de leur crier : « Je sais que vous êtes là! Je n’ai juste pas l’énergie de m’occuper de vous en ce moment».
Fuir est mon mécanisme de défense. Je le sais. J’ai compris en vieillissant. La sagesse faut croire. Même si mes dents n’ont pas encore poussé. Elles doivent fuir elles aussi, qui sait?
Avec les années, j’ai appris à me comprendre et à ne pas m’enfouir la tête dans le sable. Quand je ferme des portes de mon cerveau, je ne les barre pas. Si je les barre, au moins, je ne jette pas (plus) la clé. Ainsi, je sais que je pourrai les ouvrir quand je serai prête. Certaines prennent la poussière et d’autres ont à peine eu le temps de s’ajuster à l’embrasure que je leur avais donnée.
Il y a des moments où j’ai plusieurs obstacles à gérer. Comme je vis avec l’anxiété au quotidien, quand ces rushs arrivent, je dois me parler. Très fort. Je m’accorde du temps pour moi et je fais le tri. Des portes claquent parce que je me fâche. Contre moi-même. Contre le système. Je cherche des raisons pour vivre mon émotion. Ensuite, ma petite voix intérieure me rappelle que je suis humaine et que j’ai le droit de me sentir dépassée par les événements. Alors, j’ouvre les portes les plus près. J’y fais le ménage et ça me fait du bien. Je me sens moins envahie.
Je suis souvent celle qui fuit.
Celle qui a appris à se connaître et à accepter
Que des portes peuvent s’ouvrir et se fermer.
Maude