Jamais je ne me suis plaint de cela simplement parce que ça ne se fait pas. Malgré tout mon petit cœur de petite fille, c’est un peu détruit. Ma maman a eu un trio d’enfants, ma sœur Lauralie (2005), mon frère Lyam (2006) et puis moi (2007). Comme vous pouvez le constater, j’étais la petite dernière. J’ai vécu 10 ans en étant la plus jeune de ma famille. Sans vouloir m’en vanter, l’attention de tout le monde était sur moi. J’étais la petite protégée de maman, papa, Lolo et Lyam. Jusque là, j’étais totalement comblée.
Le jour où j’ai voulu jouer à Subway surf avec le cell de ma mère, mon cœur s’est émietté en plusieurs morceaux. Ma curiosité, je l’ai depuis toujours c’est pourquoi je n’ai pas hésité à fouiller dans ses messages. Du haut de mes dix ans, j’ai su comprendre que la photo qu’elle avait envoyée à mon beau-père était bel et bien un test de grossesse positif. Les larmes ont commencé à couler, contre ma volonté. J’ai fait assez vite le calcul qu’un bébé tout neuf allait arriver.
Je suis allée voir ma maman, les yeux remplis de larmes de crocodiles. Je me souviens par cœur de ce que je lui ai dit: « Maman, as-tu mal au ventre ?». Sans même me répondre, elle m’a dit: «Tu as fouillé dans mon cell ma puce?» À ce moment-là, j’ai éclaté, ce n’était plus juste des larmes, mais un océan de tristesse.
Tout au long de sa grossesse, j’ai été là pour elle. Bien que je n’avais que dix ans, je savais qu’elle avait besoin de réconfort. Aussi, je savais que le mien était essentiel parce que le lien qui nous unissait était plus fort que n’importe quoi. Par la suite, le jour J est arrivé. Comme elle le dirait «aller up» à l’hôpital. Après plusieurs heures à attendre, ma petite sœur est bien arrivée et en bonne santé. Maman pleurait de joie, et moi je me situais entre être heureuse et triste. Kaléa bébé #4 a pris beaucoup d’ampleur dans nos vies. Les siestes, les biberons, les crises…
Je sais qu’elle n’est pas née pour prendre ma place, et que même aujourd’hui elle ne comprend pas.
J’ai gardé le silence pendant 5 ans. Je n’ai jamais «chialé ou pleuré». Mais le jour où ma mère lui a expliqué que j’avais de la misère à être là pour elle et à l’aimer parce qu’elle m’avait volé ma place, je n’ai pas su faire autrement que d’éclater pour une deuxième fois. J’étais triste parce qu’en effet je n’ai jamais eu une belle relation avec elle, mais j’étais fâché de voir que ma mère était au courant et que nous n’en avions jamais parlé.
Au moins à ce moment-là, j’ai compris qu'elle n’a jamais voulu me faire vivre ça. Maman non plus d’ailleurs. J’ai la chance de voir ma petite sœur grandir et évoluer et je crois que c’est le plus beau cadeau qu’on aurait pu me faire.
Maman n’a jamais arrêté de m’aimer, mais je n’étais plus son bébé. C’était dû pour arriver de toute façon. C’est pourquoi je veux que les personnes qui sont à ma place en ce moment comprennent qu’il y a toujours du positif dans le négatif.
Je t’aime mon bébé soeur
Charlie