J’ai commencé la maternelle, il y a si longtemps. Pourtant, j’ai l’impression que c’était hier. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, mon plus gros problème, c’était de choisir si je mettais ma robe rose ou ma robe bleue. Les jours où je jouais dans la neige au lieu de me plaindre qu’il fait froid sont gravés dans ma mémoire. Aussi, les années où ma mère m'achetait des crayons avec saveur et que je me croyais trop «cool».
La réalité c’est que, cette année, nos professeurs nous parlent comme si on était des adultes. Il faut même choisir ce que nous voulons faire comme métier pour le reste de notre vie. Ils ne se cachent pas de nous dire que c’est notre dernière année ensemble. J’ai pas envie d’être réaliste. Je veux encore être la petite Charlie. Je veux pouvoir potiner avec mes amies autour de la table à manger. Je veux encore que mes fins de semaine se résument à dormir chez des amis et aller au travail beaucoup trop fatiguée, parce que nous avons parlé toute la nuit. Surtout, je veux encore habiter à la maison avec mes frères et mes sœurs. Je veux encore me chicaner avec ma sœur, parce qu’elle a pris mon chandail. Je veux continuer à parler à maman chaque jour et lui dire toutes mes anecdotes.
La réalité reste la même. L’an prochain tout va changer. Je sais que mes amies et ma famille vont rester, mais ça ne sera pas la même chose. La plupart du temps, nous allons discuter par téléphone, mais où sera le contact humain?
Le temps passe trop vite et j’ai peur de grandir.
Charlie Perreault