Comment définir notre personnalité? Selon le dictionnaire Le Robert, il s'agit de l’ensemble des traits qui caractérisent et différencient les gens. Souvent, ces traits se définissent durant l’enfance, puis évoluent avec le temps.
Quand j’étais encore un enfant, je n’avais pas l’attention de mes proches et je devais souvent trouver des moyens pour l’avoir. Il m’arrivait de penser: «Si je me blesse, peut-être qu’ils feront plus attention à moi?» Parce qu’au fond, s'il ne nous arrive jamais rien, on n’est pas intéressants et personne ne veut de nous.
J’ai aussi commencé ma puberté assez jeune. J’avais 10 ans lors de mes premières menstruations et j’avais déjà eu ma poussée de croissance ainsi que des formes très définies. À l'âge de 8 ans, impossible pour moi de mettre des shorts ou des leggings sans recevoir de commentaires du genre «Wow! Tu as vraiment des belles fesses! Tu sais qu'il y a beaucoup d’adultes qui paieraient pour en avoir des comme ça?» C’est donc aussi à cet âge que j’ai réalisé que si je me sexualisais, les gens porteraient attention à moi. À cet âge, je fréquentais déjà des garçons et je pensais déjà aux enfants et au mariage. J’ai grandi très vite. Je n’avais pas beaucoup d'amis et je me disais que les gens qui ont des amis sont ceux qui sont drôles, sauf que je ne savais pas comment être drôle. Alors, j’ai adopté le sens de l’humour de l’un de mes amis. Mais ça ne marchait pas. Par contre, les blagues sur le sexe, ça, ça marchait.
Au secondaire, je suis devenu l’ami dirty-minded, celui qui pense «croche», et les gens avaient l’air d’aimer ça. Après un moment, j’étais le seul de mon groupe à avoir des expériences sexuelles.
Puis, j’ai tenté autre chose. Je me suis couvert et j’ai changé de style humoristique. Plus personne ne portait attention à moi.
Il y a des moments où je me dis que je n’ai pas vraiment de personnalité. Comme une toile abstraite: on ne sait jamais vraiment ce que c’est censé être. Je ne sais même pas quelle est ma couleur préférée ou le style de musique que j’aime. Qui suis-je s’il ne m'arrive rien?
Qui suis-je si je ne m’hypersexualise pas?
Quand mon amie me parle des histoires avec son copain, ça va, mais si moi, j’essaye de parler de quelque chose de sérieux en rapport avec la sexualité c’est soudainement «dégueu»?
Peut-être qu’au fond, c’est ça, ma personnalité. D’être haïssable et énervant, de juste parler de sexe et d’expériences passées qui troublent les gens.
Parce que si je parle d’autre chose... Est-ce que les gens voudront encore de moi?
Raven
