C’est extrêmement dur d’être l’amie thérapeute. La plupart des gens pensent qu’on n’a aucun problème, que nous vivons la belle vie. En réalité, pas du tout. Si vous regardez attentivement, vous remarquerez sans doute que cette sorte d’amies est la plupart du temps très souriante, fait des blagues et rit à tout ou presque. Cependant, derrière ce masque se cache une profonde tristesse. Souvent, c’est parce qu’elle écoute les problèmes des autres, mais que personne n’est là pour elle quand elle est dans le besoin. Être l’amie thérapeute, c’est aussi se faire reprocher d’être « gossante », alors que ton intention est seulement de changer les idées d’une copine pour lui remonter le moral. Au fond de moi, tout ce que je veux, c’est rendre les gens qui m’entourent heureux. En vérité, ces personnes qui s’improvisent spontanément psychologues ont grand cœur. Au pied levé, elles vont toujours vouloir organiser des activités ou être présentes pour leurs proches. C’est dans la nature même des amies thérapeutes de les appeler et de leur envoyer des textos pour savoir comment ils vont.
Avec le temps, je réalise qu’être psychiatre volontaire n’est plus un rôle que je suis à l’aise de jouer au sein de mon groupe d’amies. Je n’ai plus vraiment la motivation d’endosser cette responsabilité. En effet, je constate de plus en plus que lorsque les gens me racontent leurs soucis… Et bien, je m’inquiète pour eux et cela me crée beaucoup d’anxiété. Je suis reconnaissante que les gens trouvent que j’ai une bonne écoute et que je donne de bons conseils, mais parfois je souhaiterais que ça s'arrête à tout jamais. Toutefois, je continue parce qu’une phrase ne cesse de se répéter dans ma tête et c’est: « Je suis la personne que je n’ai jamais eue pour quelqu’un d’autre. »
Léticia