Une famille, c’est quoi? Quelle est la vraie définition d’une famille? Un père, une mère? Deux papas? Deux mamans? Nous avons tous une définition différente de ce que représente une famille. Il y a 1 an et demi de ça, ma vie a basculé. En moins de 24h, j’avais changé de maison, de ville, de famille. Je suis arrivée chez de purs inconnus, effrayée et chamboulée. Puis, remplie de questions et de peurs, je suis partie à la quête d’un village que je ne connaissais pas, à la recherche d’une famille. Plus je m’avançais vers ma destination, plus j’avais envie de faire marche arrière, mais il était trop tard. J’étais de nouveau seule, avec mes démons.
Dès mon arrivée, j’ai pu sentir de nouvelles odeurs, observer de nouvelles couleurs, être en présence de nouvelles personnes, mais surtout, ressentir de nouvelles émotions que je n’avais jamais pu ressentir auparavant. J’ai pu passer la nuit dans une chambre qui m’était inconnue. J’avais peur, mais je venais tout juste de me donner une chance d’être heureuse; je ne pouvais pas reculer. Finalement, mes peurs se sont volatilisées quand j’ai appris à connaitre ma nouvelle famille. J’ai fait de très belles rencontres durant cet été 2022 et par la suite, j’ai commencé l’école. J’ai adoré mon passage dans celle-ci, car j’ai pu vivre de nouvelles expériences que je me devais de vivre pour arriver à être en paix avec mon passé. Malheureusement, je sentais toujours que je n’étais pas à ma place. J’avais espéré pouvoir repartir dans ma ville natale, mais au Québec, nous vivons une situation assez difficile: il y a pénurie de familles d’accueil, surtout pour les adolescents et ce, dans toutes les régions. Pour combler les besoins du CISSSAT, il devrait y avoir le double du nombre de familles d’accueil qu’on retrouve présentement, soit 324. Le nombre de signalements à la Protection de la Jeunesse ne cesse d’augmenter chaque jour. Cela veut dire que les enfants sont encore plus à la recherche de familles sur qui compter. Il y a deux ans, si les familles d’accueil n’avaient pas existé, j’aurais été à la rue ou placée dans un centre de réadaptation, ce à quoi je ne suis pas admissible.
Finalement, 7 mois ont passé avant que je puisse retourner dans la ville où j’avais grandi. Une nouvelle fois, j’ai dû m’adapter à de nouvelles personnes, de nouvelles règles, un nouvel environnement allant jusqu’à de nouveaux repas. De plus, je savais que j’avais bien fait d’attendre; je l’ai su à la minute où j’ai mis les pieds dans cette famille, qui allait devenir la mienne. La plupart du temps, les familles d’accueil sont mal perçues, puisqu’elles accueillent la plupart du temps des jeunes en difficulté avec un bagage de vie assez gros pour y rentrer un frigo. Les familles d’accueil donnent à ces jeunes l’opportunité de s’épanouir malgré leur lourd passé. J’ai moi-même fini par être heureuse, ce que je croyais impossible. Tout cela, car j’ai fait confiance à des gens qui avaient les valeurs de famille entre leurs mains. Parce qu’être famille d’accueil n’est pas seulement un travail; c’est aussi donner une ‘’safe place’’ à des jeunes qui n’ont peut-être jamais eu la chance d’en avoir une. Nous les jeunes placés, sommes souvent mal vus d’être en famille d’accueil, alors que la seule chose que nous demandons, c’est un endroit où on peut se sentir compris et en sécurité. Les adultes qui liront ce texte, seriez-vous prêts à faire la différence? Seriez-vous prêts à vous lever et partager votre maison et votre amour à ceux qui en ont manqué? Êtes-vous prêts à transmettre vos valeurs à des enfants qui en ont besoin? Si vous décidiez tous d’accueillir un jeune par famille, nous pourrions arriver à un équilibre. Moi-même, je me donne le défi d’aider les enfants dans une lutte qui ne leur appartient pas, trouver un refuge. Plus tard, j’aimerais ouvrir ma famille d’accueil et j’aimerais donner la chance aux enfants comme moi de vivre dans la quiétude.
J’aimerais, grâce à mon histoire, leur donner un peu d’espoir. J’espère que mon message ouvrira de nouveaux horizons, car dans une société comme la nôtre, on se doit de s’entraider.
Alycia xx