Quand j’étais petite, j’habitais avec mon père qui était dans la drogue, donc tout ce qu'il y avait à la maison, c'était de la bière et des drogues. Il n’y avait rien à manger pour moi. En plus de ça, mon père était violent avec moi et vu qu'il dépensait tout son argent dans la drogue, on était dans la rue puisqu'il ne payait pas le loyer. Quand il n'en pouvait plus de moi, il appelait sa mère pour qu’elle vienne me chercher. J’ai fait Gatineau-Malartic à peu près 6 fois.
Pour ma mère, je ne l'ai jamais connue. Elle est partie quand j’avais 6 mois et elle aussi était dans la drogue. Ma mamie en a eu marre de toujours venir me chercher, donc elle a décidé de prendre la garde légale. À partir de ce moment-là, mon père était censé venir me voir 1 fois aux 6 mois, mais il ne venait jamais. Il m’appelait seulement une fois par année pour ma fête, le 31 décembre. Je savais déjà ce qu'il allait me dire, il me promettait toujours de venir me voir. L’année passait et je ne le voyais jamais. À cause de mon père, j’ai été une enfant qui faisait des crises d’angoisse très jeune. Au fil du temps, j’ai arrêté de le croire et j'ai choisi de me protéger de lui avant tout. Pour moi, mon père est comme un inconnu. Je ne le connais pas, je sais même plus à quoi sa voix ressemble ou à quoi son visage ressemble.
En grandissant, j’ai arrêté de m’attacher à lui, mais la vie ne m'a pas aidée. Je n’ai jamais été bonne à l’école. Quand j’ai commencé mon 3e secondaire, je savais ce que je voulais faire dans la vie: travailleuse sociale. Je sais ce que c'est, j’en ai eu plusieurs et je n’avais pas l’impression qu'elles me comprenaient. Je me suis dit: "Qui de mieux placée pour comprendre les enfants qui ont vécu des choses comme moi?" Par contre, vu que je n’ai pas de bonnes notes à l'école, tout le monde, même ma propre mamie, me disait que je n’y arriverais jamais. Je me suis dit que si je commençais à croire les gens, je n’y arriverais jamais et que si je me concentrais sur moi-même, je pourrais arriver à tout ce que je veux.
La morale de mon histoire est que si tu commences à écouter les gens ou te dire que vu tes parents, tu n’arriveras pas à faire les choses dont tu rêves de faire, tu n'y arriveras jamais. Il vaut mieux ne pas écouter les autres et se faire confiance, car si tu le veux vraiment et que tu te concentres sur tes objectifs, tu vas y arriver.
Justina