Je n’ai jamais été très fort pour exprimer mes émotions à haute voix. Les mots restaient coincés, comme s’ils refusaient de sortir, comme si personne ne pouvait vraiment les comprendre. Mais aujourd’hui, j’ai pris mon courage à deux mains pour écrire ce texte. Parce que parfois, poser des mots sur ce qu’on a vécu, c’est déjà une manière de le surmonter.
Changer de pays, c’était comme commencer une nouvelle partie dans un jeu. Un nouveau décor, de nouvelles règles, de nouvelles opportunités. Et moi, j’avais beaucoup d’attentes, surtout pour l’école. J’imaginais me faire plein d’amis, vivre des expériences excitantes, découvrir un environnement dans lequel je pourrais être bien. J’avais en tête un scénario presque parfait.
Mais très vite, j’ai compris que la réalité était différente. Ce n’était pas aussi simple. Ce que j’attendais de l’école, des gens, de cette nouvelle vie… ça ne se passait pas comme prévu. Les autres avaient déjà leurs groupes, leurs habitudes. J’essayais, mais ça ne marchait pas. Peu importe mes efforts, j’avais l’impression d’être un joueur sans manette dans une partie où tout le monde savait déjà que faire, sauf moi.
Un jour, on devait faire des travaux d’équipe. C’était obligatoire, il n’y avait pas d’échappatoire. Mais personne ne voulait être avec moi. Et je ne comprenais pas pourquoi. Même maintenant, je n’ai toujours pas compris. Je voyais les autres se répartir en groupes, se choisir, et je restais là, à attendre, un peu perdu. Puis la prof a décidé de m’imposer à une équipe, mais je voyais bien qu’ils n’étaient pas enthousiastes. À ce moment-là, quelque chose s’est éclairé dans ma tête. Je me suis dit : « Pourquoi ils font ça ? Même moi, ça ne me tente pas d’être avec eux. » Et c’est là que j’ai pris une décision. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai dit à la prof que je préférais travailler seule.
Et finalement, c’est moi qui ai eu la meilleure note sur ce travail.
Les gens autour de moi semblaient attendre quelque chose de moi. Peut-être que je devais m’adapter, devenir comme eux, changer pour mieux m’intégrer. Mais je n’ai jamais voulu me plier à ces attentes. Pourquoi devrais-je devenir quelqu’un d’autre pour être accepté ? Je préférais rester moi-même, même si cela signifiait être seul parfois.
Ma mère voyait tout ça, et ça la rendait triste. Elle aurait voulu que je sois heureux, que je trouve ma place, que je sois entouré. Mais elle comprenait aussi que je ne voulais pas me forcer, que ce que je vivais n’était pas qu’une simple phase d’adaptation.
Il y avait des moments où je doutais de moi, où je me disais que peut-être, j’étais bizarre, comme ils le disaient. Peut-être que c’était moi le problème, que si je faisais un effort, tout irait mieux. Mais au fond, je savais que ce n’était pas ça. Ce n’était pas moi qui étais bizarre, c’est juste que je ne correspondais pas à leur façon d’être, et c’est normal.
Alors, j’ai appris à faire les choses seul. J’ai appris à dîner seul et à apprécier ces moments plutôt que d’être mal accompagné. J’ai appris à travailler seul, à compter sur moi-même. Et avec le temps, j’ai compris que la solitude n’est pas toujours une contrainte. Parfois, c’est un choix. Un choix qui permet de se préserver, de ne pas se perdre dans un monde qui nous demande sans cesse de nous transformer pour lui plaire.
Chaque jour était une épreuve, un combat silencieux contre la pression de me fondre dans un moule qui ne me correspondait pas. Mais malgré tout, j’ai tenu bon. J’ai traversé ces deux années sans me laisser briser. Je n’ai pas perdu ce que j’étais au fond de moi.
Et aujourd’hui, en regardant en arrière, je suis fier. Fier d’avoir été fidèle à moi-même, fier de ne pas avoir cédé. Parce qu’au final, rester fort et authentique vaut bien plus que n’importe quelle acceptation forcée.
À toi qui vis peut-être la même chose : sache que rester toi-même ne signifie pas que tu es bizarre. Cela signifie simplement que tu es différent des gens qui t’entourent. Et être différent, ce n’est pas une faiblesse, c’est une force. Un jour, tu trouveras des personnes qui te ressemblent, des gens qui partagent tes valeurs, qui te comprendront sans que tu aies à te justifier. En attendant, garde la tête haute et avance à ton rythme.
Aya