J’avais 6 ans quand un garçon a refusé
De s’asseoir à mes côtés, car selon lui, ma couleur pouvait s’expliquer
Par le fait que je ne m’étais jamais lavée.
J’avais 7 ans quand une fille a dédaigné
Me prêter son baume à lèvres si sacré
Me disant être dégoûtée par mon identité.
J’avais 8 ans quand une fille de ma classe m’a répété
« Négresse ! » à l’oreille pour être sûre que j’avais bien écouté
Et que ma professeure m’a expliqué
Qu’elle ne pouvait rien y faire, quand je suis allée lui en parler.
J’avais 9 ans quand ma professeure m’a donné
Comme exemple, quand on a abordé le sujet de l’esclavage négrier
Disant que nous étions, moi et eux, de parenté
J’avais 10 ans quand ma meilleure amie m’a demandé
De détacher mon chignon pour voir mes cheveux naturels lâchés
Mais qu’au moment où je me suis exécutée
Elle m’a demandé de les rattacher, car mes cheveux étaient, à son avis, complètement bousillés.
J’avais 11 ans quand on m’a exprimé
Après que j’étais allée à l’extérieur jouer
Que j’avais l’air, vu l’état de mes cheveux ébouriffés
De m’être électrocutée.
J’avais 12 ans lorsqu’on m’a talonnée
De l’entrée à la sortie d’un magasin de produits de beauté
Pour s’assurer que je n’allais rien emporter
Sans payer.
J’avais 13 ans quand une surveillante a refusé
De me céder un cadenas pour mon casier
Alors qu’avant moi, elle en avait donné
À une jeune fille à la peau blanche qui avait décidé de mal lui parler.
J’avais 14 ans lorsque j’ai été magasiner
et que j'étais la seule cliente dans une boutique de superficie très limitée
Et qu’on s'est empressé de me retirer mon sac à dos et les articles que j’avais déjà attrapés
Pour “les mettre de côté” jusqu’à ce que j’aie fini de magasiner.
J’avais 15 ans quand un homme avec sa voiture m’a renversée
Et qu’il m’a ensuite demandé
si je parlais français avant même que j’aie le temps de m’exprimer.
J’avais 16 ans quand une même personne peu éduquée
Croyait que mon ami noir et moi étions de parenté
Mais a supposé et n’a pas voulu se faire à l’idée
Que ma mère était blanche et que nous étions en réalité reliées.
- Yéléna Tsala