Je n’avais jamais vraiment éprouvé ce sentiment avant l’année passée. Celui qui par moments t’empêche d’avancer ou même de revenir en arrière. Parfois, c’est comme un gouffre sans fin où le bruit du silence est à lui seul cacophonique, parfois plutôt comme la sensation d’une rue bondée de New York étrangement silencieuse. C’est cet effet écrasant qui se crée sur mes épaules, se transformant ensuite en apesanteur instantanée qui emmêle mon esprit comme un brouillard temporaire.
Ce sentiment tranchant, c’est l’anxiété. De cet état, nous parlons plus régulièrement des effets possibles sur le travail, la scolarité ou bien la vie sociale. On invoque le résultat que l’anxiété d’une personne a sur sa vie aux regards de tous et non celui derrière les portes fermées. Je vous l’accorde, subir tout cela a un effet qui déborde sur sa vie extérieure. Il est probable qu’en période d’angoisse, il soit impossible de se lever du lit ou bien de se concentrer. L’anxiété peut naître d’une idée passagère et futile se transformant en désastre la seconde d’après. Elle peut émerger sans raison et grandir en silence, jusqu’à prendre le contrôle du moment présent. Il arrive même parfois, sous l’effet profond de l’anxiété, que nos perceptions deviennent floues et que des pensées complètement à l’antipode de notre script habituel s’invitent dans notre discours. J’en ai dit à la pelle des choses que je regrette et qui sont sorties en pleine crise de panique. Au final, c’est durant ces moments où tu perds complètement le contrôle de ton corps que tu en apprends beaucoup sur toi-même. Malgré cette possibilité d’introspection, personne ne souhaite perdre autant ses repères.
Je sais évidemment que tout cela n’est qu’expériences personnelles. Quelqu’un pourrait totalement se reconnaître, alors qu’un autre trouverait que ce n’est qu’une façon légère, ou à l’inverse excessive, de raconter les effets de l’anxiété. Selon moi, discuter d’anxiété c’est compliqué, puisque c’est plus souvent elle qui vous consume que vous qui la contrôlez.
Rose