Parfois, j’aimerais rencontrer la Rose de 5 ans. Les enfants ont beau être sur le podium des choses les plus stressantes …selon moi, mais me voir à un jeune âge semble, au contraire, rassurant. La petite fille au grand sourire et aux petites bouclettes, presque châtaines, qui reste tout aussi silencieuse dans une classe que dans une bibliothèque. La coccinelle de ses parents qui est calme et posée à l’école, mais qui se met à réciter de manière volubile l’histoire de sa journée dès passé le pas de la porte de chez soi.
Parfois, j’aimerais rencontrer la Rose de 12 ans. Pour pouvoir lui dire que ses vraies amies, les piliers de sa vie, la suivront encore au secondaire. Pour lui faire comprendre que beaucoup de choses changeront avec le temps, mais que ces changements auront sur elle l’effet d’un papillon sortant de son cocon. J’aimerais surtout la voir pour lui dire que tout va bien, que les questionnements et le brouillard ce n’est que temporaire, même si cela fait des années qu’elle tente de passer au travers. J’adorerais la voir se regarder dans le miroir, lui dire qu’au fond, elle est magnifique. Que son corps est important pour bouger, courir, danser. Tenter de lui faire comprendre que celui-ci lui est important pour vivre.
Parfois, j’aimerais rencontrer la Rose de 14 ans. Je sais qu’elle a besoin d’entendre qu’au fond, c’est une bonne personne et que ses insécurités ne sont que temporaires. Je rêve de lui faire voir les péripéties qui l’attendent, de visionner son futur à ses côtés, question de lui enseigner ce qui s’en vient. Mes yeux s’illuminent à l’idée de la prendre dans mes bras. Il me semble que c’est ce dont on a tous besoin non? De faire sentir à notre passé qu’il est en sécurité dans le futur.
Parfois, j’aimerais parler à la Rose du futur. Celle qui, je l’espère, n’aura plus la même réponse à la question : comment vas-tu? Celle qui saura rêver grand et qui aura la détermination de faire de grandes choses. Celle dont la confiance sera exponentielle. Je veux surtout la voir parce qu’au fond, je suis terrorisée à l’idée de perdre la moi de cinq, douze, quatorze et seize ans dans ce futur.
Parfois, j’ai peur de grandir.
Rose