Quand on me demandait ce que je voulais faire comme métier quand j’étais jeune, je répétais souvent le métier de mes parents; agent de sécurité, garde du corps, policière.
En secondaire 5, on me dit que je dois faire mon inscription au cégep, je panique.
Comment, à 17 ans, tu peux savoir ce que tu veux faire pour tout le reste de ta vie? On est souvent porté à répéter les métiers de nos proches, mais quand on commence à ouvrir nos horizons, on peut voir que tout est un métier. Le clavier sur lequel j’écris ces mots, c’est un métier, le word que j’utilise pour écrire ces paragraphes, c’est un métier, le bureau sur lequel mon ordi est, c’est un métier, la chaise, le plancher, les murs, le plafond, ma bouteille d’eau, toute. J’angoisse.
Je suis dans mon salon, Grease joue dans le background; j’ai envie de m’ouvrir un restaurant des années 80, avec un jukebox, des milkshakes, des patins à 4 roues, des burgers, d’la bonne bouffe cheap et accessible avec ambiance garantie, je m’inscris en Gestion d’un établissement de restauration au Cégep de Saint-Jérôme.
Je suis acceptée. Je panique.
Quelques semaines avant de commencer, je vis une période difficile de ma vie, je choke.
Dans le fond, j’ai envie d’aller en travail social, aider les jeunes comme moi qui n’ont pas eu beaucoup de chance dans la vie. J’appelle mon API, j'annule mon inscription en cuisine et je m’inscris en Travail social au Cégep de Saint-Jérôme.
Je suis acceptée. Je suis anxieuse.
6 mois après le début de ma session, je tombe en dépression. J’ai plus envie de rien faire, plus rien ne m’intéresse, je me sens trop fragile pour devenir travailleuse sociale.
J’ai envie d’aider les gens. Comment?
Je prends une session de pause. Je me remets en question;
Qui m’a aidé le plus dans ma vie. Qui a eu le plus gros impact dans mon cheminement?
Ma technicienne en Loisirs de mon secondaire, Fannie.
Je décide donc de me lancer dans le vide. J’envoie ma candidature au Cégep du Vieux-Montréal pour la Technique d’Intervention en Loisirs.
Je suis acceptée. Je suis excitée.
Je passe donc les 5 prochaines années à vivre à Montréal, dans un gros appartement avec 5 colocs. Les meilleures années de ma vie.
Le vide est confortable, finalement.
Dans le fond, c’est correct de se tromper et de recommencer. De prendre son temps. J’aurais pu faire ma technique en 3 ans comme tout le monde, mais je sais que j’ai une difficulté d’apprentissage alors je l’ai fait en 5 ans, pis ça aussi c’est correct.
Graduée en 2019, je suis plus que fière.
Je suis maintenant technicienne en Loisirs à mon tour, dans une école.
Je peux enfin faire check à un rêve sur ma liste.
Alex